vient de publier à la librairie Le Soudier sous le titre de : La représentation proportionnelle ; elle n’a que quelques pages et ne demande pas plus d’une demi-heure de lecture. M. Flandin, qui a été rapporteur de la Commission du suffrage universel à la Chambre des députés, commission dont M. Charles Benoist est président, a fort bien exposé le mécanisme de la loi proposée. Mais sa simplicité ne suffit pas à en expliquer l’éclatant succès ? Il y a aussi d’autres causes Lorsque M. Combes y voit une manifestation du mécontentement général, et qu’il défend le scrutin de liste en énumérant les grandes choses que la majorité et lui ont faites ensemble, il sent fort bien où le bât le blesse. En réalité, ces grandes choses paraissent petites quand on les compare à toutes celles que les radicaux avaient promises, et il est certain que le pays n’est pas content. Pourquoi ne l’est-il pas, alors que M. Combes l’est et que les radicaux le sont ? Nous pourrions le dire nous-même, mais M. Gabriel Hanotaux l’a si bien fait dans Le Journal que nous aimons mieux lui laisser la parole. M. Hanotaux n’est pas suspect ; il a écrit un premier article pour défendre le scrutin d’arrondissement, article autour duquel les radicaux ont fait un grand tapage : ils en font moins autour du second. « Nos braves arrondissementiers ne l’ont pas volé, dit M. Hanotaux ; ils ont tout fait pour exaspérer le monde. Comme les soldats de la légion thébaine, ils se sont liés par des chaînes de fer, et ils ont foncé tête baissée sur l’ennemi, — leurs concitoyens : « Qui n’est pas avec nous est contre nous ! » Ainsi ils ont rendu la France inhabitable pour la moitié des Français. Ils ont mis le pays en coupe réglée, sans égard aux situations acquises, aux minorités respectables, aux droits avérés. Nul ménagement ! Les fondateurs de la République, ses défenseurs les plus dévoués, et les plus désintéressés ont été inscrits sur les listes de proscription. Les familles ne savent plus que faire de leurs enfans, puisque partout il faut montrer patte blanche. Les carrières publiques sont fermées d’avance à ceux qui ne sont pas des « fils à papa. » L’armée, la magistrature, la diplomatie, les emplois administratifs sont le lot de quelques-uns. Si on ne prononce pas certaines formules, on est frappé d’interdit. Il parait qu’il, faut « bien voter » pour toucher quelques francs et centimes à la répartition des sommes accordées par les Chambres en cas de désastre régional. Les tremblemens de terre et les cyclones servent à remplir les listes électorales… Parmi les fautes commises par nos parlementaires, la plus grave, peut-être, fut le vote des 15 000, sans contre-partie pour le contribuable. On avait compris qu’en échange le nombre des députés serait diminué. Pas du
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