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LE TRÔNE DE LA BELGIQUE
EN 1831

La fin du second roi de la Monarchie belge a évoqué des souvenirs également précieux pour la France et pour la Belgique. L’année 1831 a vu fonder la monarchie de Léopold Ier, grâce à l’accord de ces deux nations et des puissances.

Les difficultés qui précédèrent cet accord sont vivement éclairées par la correspondance personnelle échangée entre les hommes politiques français qui ont pris une part si considérable aux événemens de cette époque. La Révolution de 1830 a causé, on le sait, un grand ébranlement en Europe. De vives préoccupations en étaient nées : le roi Louis-Philippe et ses conseillers se sont appliqués à les calmer. Toutefois, sur notre frontière même, il nous était impossible de ne pas accepter, encourager, aider, la révolution qui avait coupé en deux le royaume des Pays-Bas. La Belgique s’était séparée de la Hollande ; elle avait proclamé son indépendance ; mais il fallait qu’elle fût reconnue par les grandes puissances, et une Conférence avait été réunie à Londres pour atteindre ce résultat. Nous y étions représentés par le prince de Talleyrand, qui y a joué un très grand rôle. Sa correspondance officielle avec le ministère des Affaires étrangères a déjà paru, dans les derniers volumes de ses Mémoires publiés par le duc de Broglie, et, d’une manière plus complète, dans l’ouvrage de M. G. Pallain : Ambassade de Talleyrand à Londres — 1830-1834. Ce sont là des documens précieux ; mais on sait que les ambassadeurs ont eu de tout temps, à côté de leur correspondance officielle, une correspondance particulière,