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Ce mardi 1er février 4831, à midi et demie.

Je vous rends les dépêches de Berlin, et je garde les autres que je vous renverrai plus tard.

Si vous avez des doutes sur ce que je vous écris, venez me voir, mon cher général, car j’y tiens infiniment. Songez que ceci est communiqué officiellement au Congrès belge et par conséquent à la France et à l’Europe par lord Ponsonby sans M. Bresson, en opposition à ce que M. de Talleyrand avait annoncé que ces dispositions seraient secrètes, et que cette communication a eu pour but de nous noircir et de nous exhiber comme étant entrés dans la Sainte-Alliance. Il faut nous laver de cela au plus vite.

Je vois un autre moyen qui n’empocherait pourtant pas votre communication à M. Bresson. Ce serait d’avoir un compère dans la Chambre qui vous interpellât aujourd’hui (car, croyez-moi, c’est pressant) sur ce Protocole, et alors vous lui répondriez à la tribune que la France ne ratifie point une fixation définitive de frontières entre les deux Etats qui n’y ont point coopéré par leurs plénipotentiaires.

Vous y êtes suffisamment autorisé par ce que nous en avons déjà dit dans le Conseil qui, comme vous savez d’ailleurs, serait unanime sur ce point.

Je le répète, il me faut un désaveu, et venez me voir s’il vous reste du doute.


Ce mercredi soir 2 février 1831.

Voici vos lettres de Bruxelles, mon cher général, il paraît d’après ce qu’on me disait ce soir que c’est demain que l’élection aura lieu !… Il y a là de quoi agiter bien des nerfs !… Rien de nouveau. Je vous dirai cela demain. Bonsoir.


Ce jeudi 3 février 1831, à 6 heures du soir.

Je n’ai eu le temps de lire en rentrant de Neuilly que les dépêches du maréchal Maison, mon cher général, et je m’empresse de vous les renvoyer pour que vous y fassiez une de ces réponses que vous savez si bien faire. En effet, l’altitude qu’il a prise à Vienne est très bonne et s’accorde tout à fait avec mes vues diplomatiques. Je suis bien aise qu’il préfère son poste d’ambassadeur à celui de ministre, et je partage pour lui et pour