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et c’est un fait qu’il était important de connaître et de constater.

2o Elle prouve qu’ils avaient accepté au moins étourdiment, puisque non seulement ils ne m’avaient pas consulté, mais qu’ils n’avaient même consulté ni le roi de Bavière, ni personne. Néanmoins j’ai peut-être le cœur trop sensible et j’avoue que la lecture de cette correspondance m’a fait de la peine. Ils ont été malavisés de ne pas s’adresser à moi, car s’ils l’avaient fait, l’issue aurait pu être différente pour eux. Nous verrons ce que la duchesse m’écrira, si elle réplique à ma lettre. À présent, il faut voir quelle tournure va prendre l’Élection : nous causerons demain des réflexions que tout ceci me fait faire, et de celles que vous aurez faites de votre côté.

Il me paraît clair par la dépêche de Rumigny que les coups de canon de Landau ne sont rien.

Voici une lettre que la Reine vous prie d’adresser au maréchal Maison. Bonsoir.


Ce dimanche 6 février 1831, à 9 heures du matin.

Le brouillard, mon cher général, a rendu impossible de faire partir la dépêche télégraphique. On a envoyé à Montmartre, mais tout est impossible !… Quel regret ! Si au moins nous avions envoyé un courrier hier au soir ! Ceci sera peut-être un coup funeste, et Leuchtenberg peut être élu ! Mais je veux espérer jusqu’au bout. Voyez si vous imaginez quelque remède à ce grand mal.


Vendredi à 4 heures du soir.

M. Allard du télégraphe accourt m’annoncer qu’une dépêche de Lille, imparfaitement transmise, annonce qu’hier, à 4 heures, Nemours a été proclamé roi des Belges.

Je lui ai dit de faire en sorte que cela s’ébruite le moins possible, mais cela ne peut pas rester secret bien longtemps.

Comme vous me savez impressionnable, cela m’agite à un haut degré. Venez me voir le plus tôt possible. J’espère que votre courrier sera parti avant que la nouvelle vous soit parvenue. Arrivez-moi vite.


Samedi 5 février 1831, à 6 heures.

Voici vos dépêches, mon cher général : celle de Dresde me paraîtrait grosse, si je ne me flattais pas d’un peu de commérage.