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Conférence où nous sommes, sans seulement consulter son collègue Bresson, et qu’il communique les protocoles, au moins à tort et à travers. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que ces deux agens n’avaient, dans le principe, d’autre mission que celle de négocier et de conclure un armistice entre la Belgique et la Hollande et que jamais nous ne nous serions doutés que la Conférence se crût autorisée, ni à statuer sur la neutralité future de la Belgique, ce dont on ne nous avait pas dit un seul mot, et ce qui était une assez grande question pour que M. de Talleyrand l’eût prise ad referendum pour nous consulter ; ni encore moins pour statuer, également d’emblée, sur celles des frontières et de la dette de deux pays dont il venait de reconnaître l’indépendance en mon nom, sans avoir seulement pris la peine de nous informer que ce sujet serait discuté dans la Conférence, qui n’avait ni droit ni qualité pour s’en occuper. Je désire de ne pas blesser M. de Talleyrand, mais pourtant il faut bien que ceci lui soit dit avec les formes que vous mettez à toutes choses.

Ainsi, il faut rappeler M. Bresson, et notifier que nous ne voulons plus que la Conférence ait d’agens. Il faudra aussi bien traiter M. Bresson en lui donnant un autre bon poste, et le retirer de Londres où il serait désormais désagréablement.

2° Il faut choisir et nommer le plus tôt possible un ministre de France près le gouvernement Belge, ce qui fera grand plaisir en Belgique, et nous préservera de la fâcheuse solidarité de la Conférence sans pour cela que nous cessions d’en faire partie, et de marcher d’accord avec les Puissances.

3° Enfin tâcher d’obtenir la révocation de lord Ponsonby et que l’Angleterre ait son ministre à Bruxelles, comme nous y aurons le nôtre.

Telles sont en gros mes idées, mon cher général ; nous en causerons ce soir, mais j’ai voulu vous les communiquer tout de suite. Je n’ai pas encore eu le temps de lire les dépêches. J’ai eu une longue conversation avec M. Charles Lehon[1] que j’ai trouvé plein d’esprit et de raison, et dont j’ai été parfaitement content.

Odilon Barrot était avec lui, et j’en ai été également content.

Lawoestine m’a dit que vous aviez fait des merveilles dans la Conférence, et je n’en ai pas été surpris. Tout va donc mieux

  1. Membre de la délégation du Congrès belge venu à Paris pour offrir la couronne au Duc de Nemours et nommé ensuite ministre de Belgique à Paris.