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faut négocier et lentement, malgré toutes les presses de ceux qui ne voient qu’un point, et qui comptent pour rien l’opinion publique et les nations.

Si la négociation avec les députés belges n’arrive pas à un résultat paisible, je ne vois plus devant nous que des abîmes, et on nous y précipiterait par des mesures cassantes. Au revoir, il me tarde d’en causer avec vous.

J’ai des députations à recevoir, et je passerai ma triste journée au Palais-Royal où vous me trouverez quand vous y viendrez.

Quoiqu’elle ne soit pas inédite, nous croyons utile de publier la pièce suivante où se manifeste la sagesse du roi Louis-Philippe dans cette affaire. Elle sert de conclusion à une négociation délicate.

(Procès-verbal de l’audience donnée et de la réponse faite, le 17 février 1831, par le roi Louis-Philippe aux députés du Congrès national de la Belgique, venus à Paris pour lui annoncer l’élection de S. A. R. Mgr le Duc de Nemours, comme roi des Belges.)


Paris, le 17 février 1831.

Aujourd’hui, à midi, la députation du Congrès national de la Belgique s’est rendue au Palais-Royal ; deux aides de camp de Sa Majesté l’ont reçue au haut du grand escalier pour la conduire dans le premier salon, où l’attendait M. le ministre des Affaires étrangères, qui l’a introduite dans la salle du trône. Le Roi l’a reçue, étant placé sur son trône, ayant à sa droite Monseigneur le Duc d’Orléans, et à sa gauche Monseigneur le Duc de Nemours. Sa Majesté la Reine était présente, ainsi que LL. AA. RR. les princes ses fils, les princesses ses filles, et la princesse Adélaïde, sœur du Roi. Les ministres et les aides de camp du Roi entouraient le trône.

Le Roi a répondu à la députation :


« Messieurs,

Le vœu que vous êtes chargés de m’apporter au nom du peuple belge, en me présentant l’acte de l’élection que le congrès