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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/354

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travaux confirment absolument celles qu’avaient déjà formulées, au nom de la clinique médico-légale, les maîtres français dont j’ai déjà cité les noms. Ces conclusions sont dues à une phalange de travailleurs dont je rappellerai ici les principaux : d’abord l’initiateur : M. A. Binet, puis M. W. Stern (de Breslau), Mlle Borst (de Berlin), M. Claparède (de Genève), M. H. Gross (de Graz), M. Otto Lippmann (de Berlin), MM. Lobsien, Wreschner, Plüschke, Weber, Schneikert, Von Liszt, Cramer, Sommer, etc.


Les Méthodes expérimentales appliquées à l’étude du témoignage consistent à provoquer, dans des conditions déterminées d’enregistrement et de déposition, le récit, par les témoins, de faits qu’on a soumis à leur observation.

Les objets du témoignage sont : soit une image, soit un texte, soit une représentation cinématographique, soit un lieu familier aux sujets, soit une scène réglée d’avance dont on peut rapprocher et comparer ensuite les détails avec les dépositions du témoin ; cette possibilité de la confrontation de l’objet avec le témoignage et le témoin constitue le principal avantage de la méthode expérimentale.

L’expérience du témoignage est soit individuelle, si elle porte sur un seul témoin, soit collective, si elle est instituée sur un groupe de sujets, appelés à observer ensemble un même fait ou une même scène.

Le temps de présentation de l’objet varie dans des conditions qui permettent de mesurer l’influence sur le témoignage de la durée de l’observation.

L’intervalle de temps écoulé entre la présentation de l’objet et la déposition du témoin permet d’apprécier l’influence de l’ancienneté de l’observation, sur l’étendue, l’exactitude et l’assurance du témoignage.

La forme de la déposition permet d’apprécier les influences exercées sur le témoignage par : soit la liberté du récit, laissée à la spontanéité du déposant, soit l’interrogatoire, soit la combinaison de ces deux méthodes.

Cette étude de la forme de la déposition a permis à M. Binet de formuler, comme une véritable loi de la psychologie du témoignage, que la valeur d’une déposition dépend, en grande partie, de la forme dans laquelle elle est recueillie. La déposition libre, le récit, élimine l’influence de la suggestion étrangère, et, ne