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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/425

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Le conflit est maintenant tranché. Après l’avoir cherchée quelques dizaines d’années, on a découvert l’erreur de raisonnement géométrique qui avait donné lieu à l’équivoque[1]

En somme, on est arrivé, par des calculs astronomiques, à déterminer à peu près rigoureusement le coefficient d’aplatissement terrestre, c’est-à-dire la différence entre le diamètre transversal de la Terre à l’équateur et le diamètre qui joint ses pôles. Mais ce chiffre, laborieusement établi, et qui n’est pas certain, pourra être bien plus rigoureusement fixé et déterminé d’une façon définitive quand on aura pu stationner au Pôle Nord et au Pôle Sud.

Un autre problème curieux, dont le stationnement aux pôles donnera la solution, laquelle va peut-être immédiatement découler des observations qu’a faites Peary, c’est la vérification de la verticale. Est-il certain que la verticale du Pôle passe par le centre de la terre ? C’est-à-dire un fil à plomb tenu à la main par un observateur placé au Pôle passe-t-il par le centre de la Terre ? Cette ligne coïncide-t-elle avec ce que les astronomes anciens appelaient l’axe du monde, c’est-à-dire avec l’axe de la

  1. Pour ce qui est de la valeur de cet aplatissement, les chiffres donnés ont été très divers. Newton, après avoir calculé que la différence entre l’intensité de la pesanteur à l’équateur et au Pôle devait être de 1/289, en déduisait que le coefficient d’aplatissement, c’est-à-dire la différence entre le diamètre équatorial de la Terre et le diamètre joignant ses deux pôles, devait être de 1/239.
    Huyghens, l’inventeur du pendule, après avoir observé de combien devait être raccourci un pendule transporté de Paris à la Guyane pour continuer à battre la seconde, calcula pour l’aplatissement, dès 1690, une valeur de 1/578.
    Cassini, de son côté, à la suite des mesures géodésiques qu’il effectua de 1680 à 1718, concluait qu’au contraire la Terre devait être renflée aux pôles et il évaluait à 1/11 la valeur de ce renflement.
    Delambre et Méchain ont trouvé, en 1798, lors de l’établissement du système métrique, 1/334.
    Laplace a calculé que la forme d’équilibre du globe, supposé fluide, correspondait à un aplatissement compris entre 1/231 et 1/578.
    A des époques plus modernes, Bessel a trouvé 1/299 en combinant les dix mesures d’arc qui lui semblaient mériter le plus de confiance. M. Faye. en France, tenant compte des mesures géodésiques faites dans le Nord de l’Allemagne. a trouvé 1/292. Les astronomes russes ont trouvé 1/299,5.
    Al. Clarke, aux États-Unis, en faisant entrer en ligne de compte les mesures d’arcs de méridiens, d’une longueur exceptionnelle, qui ont été effectuées dans ce pays, est arrivé au chiffre de 1/294,6. En 1898, l’ensemble des mesures géodésiques faites dans l’Amérique, du Nord a donné comme résultat 1/306,5.
    L’unanimité est donc loin d’être établie.
    Il est vrai que l’on explique ces discordances en admettant que le sphéroïde terrestre n’est pas régulier, et que ses divers méridiens ne sont pas égaux entre eux.
    Parmi les astronomes qui opérèrent spécialement dans, les régions voisines du Pôle arctique, Parry, en 1825, à la suite de ses expéditions polaires, trouva 1/309,2, Depuis lors Sabine trouva 1/289,1, Melville, 1/312,6, Frère 1/306,7.