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d’Impératrice française. Si la reine de Naples voulait accepter cette charge, il la créerait grand dignitaire de l’Empire, sous le titre de surintendante de la maison de l’Impératrice. Par dérogation presque exorbitante aux usages, il ferait une femme grand dignitaire ; cette qualité égalerait Caroline non plus seulement aux reines de la famille, mais aux rois, tous pourvus de grandes dignités. Il y aurait là de quoi combler les vœux et la vanité d’une femme ambitieuse.

Mais Caroline craint que cet excès d’honneur, cette façon de lui faire une situation toute personnelle et hors de pair, n’offusque son ombrageux mari. D’ailleurs, à se séparer pour deux ans de ses enfans, le sacrifice serait trop cruel. Adroitement, elle fait tant que l’Empereur renonce à son idée. A présent, tout ce qu’il lui demande, c’est seulement d’aller au-devant de l’Impératrice sur la frontière autrichienne, à Braunau, dernière ville de Bavière, à l’extrême limite de cette Confédération du Rhin où l’Empire commence. Le maréchal et prince Berthier est allé à Vienne épouser Marie-Louise par procuration ; il l’a mise en route et l’accompagne, mais le cérémonial exige que la nouvelle Majesté trouve au sortir des Etats paternels une femme de sang illustre pour la recevoir et ensuite l’amener en France, jusqu’au point où l’époux l’attendra. Pour cette mission qui est de tradition et d’usage, une très grande dame suffisait naguère ; il faut maintenant une reine, une Napoléon. Cette fois, la reine de Naples se garde de refuser ; elle accomplira le flatteur et solennel voyage. Avant de partir pour Braunau, elle écrit longuement à son mari, se fait un mérite auprès de lui d’avoir décliné les fonctions de surintendante, l’adjure encore de venir à Paris pour la célébration du mariage ; enfin, avec les plus minutieux détails, elle lui explique comment l’Empereur entend que la cour napolitaine se fasse représenter à l’insigne événement des noces impériales.

« L’Empereur désire que, pour son mariage, j’aie ici avec moi au moins quatre dames napolitaines, belles et de bonne tournure, et qu’elles soient choisies parmi les plus riches et les plus grands noms. Envoie Mme de Gallo, Mme Civitella, la duchesse d’Atri, la princesse Belvédère et la princesse Avellino. J’en désigne cinq, car je crains que l’une d’elles ne puisse venir soit par maladie, soit pour toute autre cause. Mais il faut choisir entre les cinq. S’il s’en trouve deux malades, tu enverras la