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prononcé, il y a quelques jours déjà, par M. Balfour. M. Asquith parle du leader des Unionistes avec courtoisie, mais sur un ton un peu sarcastique. Il lui reproche d’avoir maladroitement parlé d’une guerre possible avec l’Allemagne, et aussi d’avoir donné à entendre que celle-ci menaçait de s’opposer au Tariff Reform, pour surexciter le patriotisme anglais. Il parle de la question de la marine, à laquelle les Unionistes prétendent que les Libéraux n’accordent pas une importance suffisante, et il affirme avec force et avec chaleur que, grâce à certaines mesures de redistribution de la flotte prises par le Cabinet libéral, jamais l’Angleterre n’a été aussi fortement défendue qu’à présent. Cette déclaration est reçue avec de longs applaudissemens. Mais la plus grande partie de son discours a roulé sur le Tariff Reform. Cette question, comme on me l’avait dit, prend chaque jour plus d’importance, et je crois bien que si les Lords perdent la partie, ce sera parce que la question du Free Trade ou du protectionnisme complique les choses. M. Asquith fait valoir avec beaucoup de vigueur le danger de taxer les denrées qui constituent la nourriture populaire : le blé, la viande, le beurre, le sucre. Il rappelle des paroles de M. Chamberlain, le Chamberlain d’autrefois, qualifiant de cruauté toute taxe sur le blé, et cette partie de son discours, que ponctuent au reste et qu’interrompent à chaque instant les applaudissemens ou les vivats, obtient le plus vif succès. Il termine en revenant à la question constitutionnelle, et, en termes qui, cette fois, ne manquent pas d’éloquence, il adjure les Libéraux de ne pas capituler (surrender) et de défendre le droit pour lequel leurs pères ont combattu pendant tant de siècles et qu’ils ont conquis contre la couronne elle-même : le droit de disposer librement de l’argent payé par le peuple. Nouvelle tempête d’applaudissemens. Trois ou quatre orateurs parlent après lui, beaucoup plus violens contre la Chambre des Lords à laquelle les Libéraux en veulent évidemment beaucoup, et contre laquelle ils entendent prendre à l’avance ce qu’ils appellent des garanties. Puis, après avoir voté à l’unanimité, moins une voix courageuse qui suscite des grognemens, une motion affirmant la confiance du parti libéral dans son chef the Prime Minuter, le meeting se dissout en bon ordre après avoir chanté le God save the King accompagné par l’orchestre.

J’ai parlé de la partie musicale. On distribuait aux auditeurs