recrudescence de fausse indulgence, il est arrivé ceci, en particulier (sans préjudice de maint autre abus). Il n’est pas de bande de malfaiteurs qui ne compte des jeunes filles en même temps que des femmes. Or, présentement, ces bandes ont bien soin de mettre en avant leurs recrues de seize à dix-huit ans et de combiner les apparences de manière à les faire passer non plus seulement comme complices, mais comme auteurs principaux ; car ces réserves trop bien exercées des futures armées du crime sont plus sûres que les autres d’échapper à une répression sérieuse, en attendant le moment, qui viendra vite, de former des bandes à leur tour. Il se trouve en effet des magistrats qui, pour répondre aux intentions philanthropiques de la loi, n’hésitent pas à les déclarer dénués de discernement. Alors ils « filent sur la vingt et une. » C’est ainsi que dans leur argot ils désignent l’arrêt qui les envoie dans une maison de correction jusqu’à leur majorité. Aussi directeurs et directrices de maisons de correction crient-ils miséricorde. Leur situation est intenable, c’est le mot que me disait l’un d’eux. Voici un fait qui prouve à quel point ils ont droit de se plaindre. Un haut fonctionnaire trouvait récemment dans une maison de correction un mineur qui, avant d’y être envoyé, avait été condamné quinze fois à la prison. Les quinze fois on l’avait jugé pourvu de discernement. À la seizième, fatigué de voir que la prison ne l’amendait pas, on le déclara privé de discernement, et on le dirigea vers une maison d’éducation correctionnelle. Il était bien temps ! Le sujet s’est chargé d’y perfectionner l’éducation individuelle de ses camarades. On ne pouvait espérer d’autre résultat.
Pour ces adolescens touchant à l’âge adulte on avait créé des quartiers correctionnels spéciaux : mais on avait eu le tort de les abandonner au régime en commun. On ne tarda pas à avoir honte des résultats. En y installant un peu plus tard la séparation de nuit, on avait obtenu déjà quelque amélioration. Les misères y restaient cependant bien intenses : on les a encore aggravées et propagées par le mélange qu’on vient d’opérer dans les maisons dites d’éducation correctionnelle. C’est alors qu’on a mis en avant le projet à la veille d’être exécuté, de réserver aux adolescens de seize à dix-huit ans une maison de correction spéciale, mais encore avec le régime en commun. Agglomérer ainsi de pareils sujets dans les mêmes murs, ce sera simplement rétablir, sans les améliorer, les anciens quartiers correctionnels. La