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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La discussion du budget a été de fait interrompue pendant cinq ou six séances pour permette à un grand débat sur la question scolaire de se développer avec toute l’importance qui s’attache à un pareil sujet. Le budget spécial du ministère de l’Instruction publique était en cause ; on y avait renvoyé toutes les interpellations, déposées à la suite de la Lettre des évêques, et aussitôt que l’arène a été ouverte, vingt orateurs s’y sont précipités. Comment résumer un semblable débat ? On y a parlé de mille choses ; on s’y est élevé jusqu’aux sommets les plus nuageux de la philosophie, de la sociologie, de la théologie, et l’éloquence y a coulé à pleins bords. Les orateurs les plus distingués de la Chambre se sont donné carrière. M. Jaurès s’est surpassé. D’autres encore, et M. Maurice Barrès en particulier, ont prononcé des discours qui honorent la tribune parlementaire. Mais que reste-t-il de tout ce débordement oratoire ? Il est difficile de le dire. Nous ne nous arrêterons pas à l’ordre du jour banal qui a clos le débat. La Chambre a prononcé des paroles énergiques en faveur de l’école laïque et s’est déclarée confiante dans le gouvernement pour en faire des actes de défense républicaine. C’était prévu ; cela ne prouve rien ; nous ne sommes pas plus avancés après cet ordre du jour que nous ne l’étions avant. Faut-il l’avouer ? Nous n’attachons même qu’un intérêt secondaire aux projets de loi qu’a déposés ou que doit déposer encore M. Doumergue en vue d’organiser sur les écoles libres une surveillance effective. Il y a déjà des fois qui remplissent le même objet : pourquoi ne sont-elles pas appliquées ? Le pléonasme législatif dont on parle si haut et si fort ne changera pas grand’chose à la situation. Ce sont là des manifestations assez vaines auxquelles la Chambre éprouve le besoin de se livrer à la veille des élections. A moins toutefois qu’on ne veuille supprimer