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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/790

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je le sache le 20 de ce mois, au plus tard. Alors je partirai sur-le-champ. Ma petite voiture sera prête, et j’aurai tout prévu pour ne pas perdre une minute. Je ne prendrai qu’une voiture de suite et j’arriverai encore avant le baptême. Mais, dans ce cas, il faut que tu donnes des ordres pour me fournir de l’argent ici et il serait bon que tu me fasses commander sur-le-champ une robe pour la cérémonie et deux robes de bal. Je ne porterai rien avec moi et cela me suffira, étant décidée à rester très peu de temps à Paris. Tu dois savoir si l’Empereur tient à ce que je me rende à son invitation et s’il sera fâché que je n’y aille pas et quel parti il prendrait dans ce cas. De quelque manière que tu décides, je ferai ce que tu voudras, mais que je reste ou que je parte, il y aura des dépenses à faire et tu sentiras que c’est une de ces circonstances où il faut faire quelques sacrifices et ne pas lésiner. Tâche de savoir ce que fera l’empereur d’Autriche. Tu pourras adroitement avoir par le grand-duc de Wurtzbourg des renseignemens sur les cadeaux que l’on devra faire à la gouvernante et aux autres personnes attachées au Roi de Home. Informe-toi de ce qu’il faut faire et quels sont les usages en pareille circonstance.

« Tu verras que la lettre de l’Empereur est charmante ; ainsi, que je parte ou que je reste, il faut lui montrer que nous savons apprécier l’honneur qu’il nous fait et nous conduire en tous points de la manière la plus convenable. Je t’avoue que cette lettre est si bonne que, si je n’eusse eu à suivre que mon intention, je me serais mise en route sans hésiter, parce que ma santé peut véritablement le permettre. Mais je ne puis ni ne veux rien faire que de ton consentement, et les lettres où tu me parles de l’intention qu’a l’Empereur de me faire marraine ne me donnent aucun éclaircissement sur ta volonté. Tu aurais bien dû, en me parlant de cela, me faire connaître ce qu’il te convenait que je fisse. Je ne puis concevoir pourquoi tu ne t’expliques en aucune manière. Tu sais cependant que je ne puis rien faire ni rien décider que de ton aveu, et qu’il m’est impossible sous tous les rapports de partir sans l’avoir reçu. Je te le dis encore, il n’y a pas un moment à perdre, renvoie-moi dans le jour le courrier ; il faut que je sache avant le 20 ce que je dois faire, et encore ce sera bien tard pour tout disposer si je dois partir et pour m’excuser si je reste… »

La Reine prend d’ailleurs ses précautions à tout événement.