surcroît, certaines motions sociales en faveur du petit métier et de la classe ouvrière. Rien de menaçant, ici, pour la paix des esprits et des Eglises ; ces revendications n’aspiraient, en définitive, qu’au maintien des lois et coutumes existantes ; et si elles faisaient éclat, c’est que la notoriété des menaces hostiles les y contraignait. La Chambre prussienne devait se renouveler le 16 novembre 1870 : les ordinaires de Cologne, de Trêves, de Munster, de Culm, signalèrent aux fidèles la gravité du péril et la portée religieuse de leurs votes. Le 16 novembre, on s’en fut aux urnes : une soixantaine de catholiques furent élus.
Pierre Reichensperger, à vue d’œil, les jugeait. « diablement hétérogènes ; » il fallait un peu d’ordre dans leur petite cohue. Savigny, fils du grand jurisconsulte, vice-chancelier de la Confédération du Nord, était parmi les plus notables ; il invita quelques-uns à dîner, pour causer. Le vicaire Müller, de Berlin, proposa de former un parti nettement confessionnel : il eut contre lui tous les laïques illustres qui devaient être, quelques mois plus tard, les chefs du Centre allemand. Les discussions s’échauffèrent, et puis traînèrent ; Windthorst fatigué s’en alla dormir ; Pierre Reichensperger, Savigny, Kehler, reçurent finalement mission de faire quelques démarches pour la formation d’un parti, que Mallinckrodt voulait étiqueter « catholique conservateur. » Ils se remuèrent, et convoquèrent pour le 13 décembre tous leurs coreligionnaires du nouveau Landtag. C’est vers la dénomination de Centre que penchait Pierre Reichensperger : au dernier instant, il fut malade ; et c’est à son frère Auguste et à Savigny que revint l’honneur de faire adopter son projet. Cinquante députés à peu près se trouvèrent d’accord pour s’organiser en une fraction qu’ils appelèrent « Centre, parti de la Constitution ; » le premier mot, volontairement pâle, systématiquement neutre, laissait le groupe ouvert aux protestans ; le second terme, qui valait un programme, indiquait le parti pris de défendre les garanties religieuses accordées par la Constitution de 1850. Une douzaine de catholiques, auxquels cette initiative demeurait suspecte, s’éparpillèrent dans les autres fractions de l’Assemblée. Quant au Hanovrien Windthorst, de crainte que les sympathies guelfes dont on l’accusait ne le rendissent compromettant, il se tint d’abord à l’écart.
C’était un honnête et pacifique parti, qui ne cherchait même pas à faire du bruit ; un parti de bons fonctionnaires, qui étaient