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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/847

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L’ARMÉE ANGLAISE

Tous les peuples européens aspirent à la paix ; les souverains et les chefs d’Etat semblent sincèrement animés du désir de la maintenir. Nous nous complaisons dans cette pensée, sans songer assez peut-être à ce que l’avenir nous réserve par suite de l’instabilité résultant, d’une part, du traité de Francfort qui, en amoindrissant la France, a compromis l’équilibre européen, d’autre part, du rapide développement de l’Allemagne, de son commerce, de sa puissance navale qui menacent l’Angleterre. En raison de cette situation, toutes les nations se voient obligées de s’armer en prévision d’événemens redoutables ; leurs budgets de guerre grossissent tous les ans. Chacun est conduit à supputer ses propres forces, celles de ses amis ou alliés, celles enfin de ses adversaires probables. Aussi rien de ce qui touche la puissance militaire des divers Etats ne doit nous laisser indifférens.

Jusqu’ici, l’armée anglaise est assez mal connue en France où, en dehors des milieux spéciaux, on a peu suivi sa transformation récente ; elle doit cependant nous intéresser d’autant plus que la Grande-Bretagne, qui restait volontiers dans un isolement systématique, tend aujourd’hui à prendre une part active aux affaires continentales. Quelques personnes la jugent incapable d’intervenir sérieusement en Europe dans un conflit armé. Nous sommes d’un avis opposé et nous allons essayer de justifier notre opinion en étudiant l’organisme de son armée avec une entière impartialité.

Nous examinerons successivement : 1° l’organisation de l’armée anglaise au moment de la guerre Sud-Africaine ; 2° la