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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/860

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quelques années, un développement jusqu’alors inconnu ; cette mesure, complétée par la création d’un Etat-major général, aura comme résultat l’établissement d’une doctrine de guerre. De l’avis des officiers étrangers qui les ont suivies, les récentes manœuvres anglaises marquent un grand progrès.

Il convenait aussi, pour éviter le retour des erremens constatés en campagne, de développer l’instruction des officiers par un travail intensif, auquel on les soumit. Ces exigences nouvelles provoquèrent, paraît-il, un certain nombre de démissions et affectèrent le recrutement de l’Ecole de Sandhurst, le Saint-Cyr britannique : en 1909, le nombre des candidats à cette école fut inférieur au nombre des places disponibles. Nous verrons plus loin les moyens employés pour conjurer cette crise.

Une autre réforme qui, au premier abord, pourrait paraître d’importance secondaire, fut l’adoption pour toute l’armée d’une tenue de campagne extrêmement pratique, de couleur kaki ; la tenue est la même pour toutes les armes, sauf que les cavaliers portent des éperons : casquette plate à visière, large vareuse, bandes molletières. Ce qui est plus important encore, c’est l’adoption, pour toutes les troupes à pied, d’un équipement confectionné en un tissu de coton souple et solide, appelé twill, dont toutes les boucles sont sans ardillons ; aucune courroie ne comprime la poitrine de l’homme ; le poids est fort bien réparti et tout le chargement peut s’enlever d’un bloc aux repos pendant les marches. Cet équipement donne aux troupes une remarquable aisance et augmente par conséquent les efforts dont elles sont susceptibles. Qu’attendons-nous donc en France pour munir nos soldats de l’équipement anglais qui donne toute satisfaction ?

Aucune des modifications précédentes, apportées pour la plupart avant l’arrivée au pouvoir du ministère libéral, ne touchait, pour ainsi dire, à l’organisation même de l’armée. Le nouveau ministre de la Guerre, M. Haldane, entreprit des réformes plus générales.

Le plus grave défaut de l’ancienne organisation, qui ait été révélé par l’expérience de la guerre du Transvaal, fut l’insuffisance des réserves. La milice, non astreinte au service extérieur, avait, il est vrai, fourni volontairement quelques renforts et même des bataillons entiers ; un certain nombre de volontaires et de yeomen vinrent aussi grossir les effectifs, mais il fallut