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l’armée territoriale soutenu par la Ligue du service national, dont lord Roberts, le vainqueur du Transvaal, est le chef en même temps que le porte-parole au Parlement.

11 était naturel de voir les disciples de l’eau bleue et les partisans du service obligatoire s’unir contre le gouvernement et soulever toutes sortes d’objections aux réformes de M. Haldane ; les derniers reconnaissent pourtant que l’on a su tirer du volontariat tout ce qu’il peut donner.

Pour atteindre le but cherché par la Ligue du service national, il fallait d’abord montrer que la Grande-Bretagne est très gravement menacée ; c’est pourquoi les adversaires du Ministère n’ont pas craint de forcer la note en énumérant les périls d’une invasion jusqu’à une exagération évidente. Ils ont voulu prouver qu’avec l’organisation actuelle, il était impossible de parer aux dangers auxquels l’Angleterre est exposée.

La première critique a porté sur le nombre insuffisant des officiers. D’après les tableaux établis par le Ministère, il faut pour la force expéditionnaire 5 702 officiers, plus 1 619 pour remplacer les pertes durant les six premiers mois de campagne, soit 7 321. Or le nombre total des officiers disponibles au 1er janvier 1909 était de 10 157. Après avoir complété la force expéditionnaire, il n’en reste plus que 2 836 pour la défense des côtes, l’instruction dans les dépôts, les états-majors et les services dans la métropole ; ce chiffre est fort inférieur aux besoins. Mais cette pénurie est-elle le résultat de l’organisation nouvelle ? N’est-elle pas due, au contraire, à des causes tout autres ? Du reste, la situation de l’armée anglaise au point de vue du nombre des officiers est loin d’être mauvaise. Contrairement à ce qui s’est fait dans tous les autres pays, les Anglais ont conservé, pour leur infanterie, le principe de la compagnie faible, de 125 à 130 fusils, car le bataillon de guerre d’un millier d’hommes compte huit compagnies. Par suite, la proportion des officiers dans le bataillon est presque double de celle qui est adoptée dans toute l’Europe. Le jour où l’armée anglaise se convertira à l’idée rationnelle et économique[1] de la compagnie forte de 250 hommes, c’est-à-dire du bataillon à quatre compagnies, elle aura un fort excédent d’officiers. Il ne convient donc pas de considérer la situation actuelle comme déplorable, ainsi qu’on l’a prétendu.

  1. Idée à laquelle nous avons malheureusement renoncé pour notre artillerie de campagne en adoptant la batterie de quatre pièces.