Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/874

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guerre, après le départ de la force expéditionnaire (158 000 hommes), il resterait encore dans les Iles Britanniques au moins 151 000 soldats, qui, peu à peu, par suite des remplacemens à l’armée de campagne, seraient réduits à 110 000 environ, au bout de six mois. Pendant ce temps, n’aura-t-on pas pu trouver et instruire quelques recrues ? D’autre part, comment peut-on soutenir, comme on l’a fait au Parlement, que des hommes ayant quelques mois de service et dix-huit ans d’âge ne sont pas utilisables pour la défense même du sol ? Bara avait quatorze ans quand il mourut en héros. N’avons-nous pas vu, en 1870, nos jeunes volontaires mineurs faire très bonne figure ? Dans la place de Belfort, n’y avait-il pas beaucoup de mobilisés ayant à peine quelques jours de service au début du siège ; ces hommes, entraînés peu à peu par des combats journaliers, n’ont-ils pas accompli leur devoir ?

On a cherché aussi à déprécier la valeur du corps expéditionnaire en prétendant qu’il comportait une trop forte proportion de réservistes. Il nous est facile d’examiner si cette assertion est fondée. Le tableau ci-contre donne en chiffres arrondis l’effectif de guerre des armes principales de la force expéditionnaire au moment où elle est mobilisée et la décomposition de cet effectif en soldats des différentes catégories[1].

L’examen de ce tableau montre que, dans toutes les armes combattantes, il n’y a aucun réserviste spécial et que la proportion des réservistes réguliers est moindre que dans plusieurs armées européennes. Comme les hommes sous les drapeaux ont une durée moyenne de service très supérieure à celle des soldats des armées actives des autres puissances, on peut affirmer que la force expéditionnaire a une composition qui lui assure une solidité incontestable.

  1. Afin de ne laisser aucun doute sur l’exactitude des chiffres du tableau, il est utile d’indiquer comment ils ont été établis, deux de la colonne 1 ont été pris dans les tableaux d’effectifs de guerre (War-Etablissement) de 1908-1909. Les chiffres des réservistes (col. 3, 4 et 5) ont été calculés par la méthode suivante que nous expliquerons en prenant pour exemple ceux relatifs à l’infanterie de ligne. Cette infanterie comporte 74 bataillons sur le pied de paix, comptant 46 600 hommes remplissant les conditions déterminées pour le service extérieur ; 67 seulement de ces bataillons font partie de la force expéditionnaire, soit 42 000 hommes. On a le nombre des réservistes nécessaires en retranchant ce dernier chiffre de celui de l’effectif de guerre : on trouve 38 200 réservistes qui, tous, peuvent être fournis par la Réserve régulière, ainsi que le montre l’un des tableaux du mémorandum précité.