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En 1856, le 18 février, dans son rescrit connu sous le nom de Hatti-Humayoun, il déclara vouloir substituer la perception directe de l’impôt au régime des affermages, concéder aux étrangers le droit de propriété immobilière, créer des routes et des canaux, fonder des banques, réformer le système monétaire et financier. Mais bien peu de ces promesses furent tenues : les dettes ne cessent d’augmenter ; le change empire chaque jour ; la livre turque d’or vaut 188 piastres en papier, au lieu de 110. Par un hatt du 19 octobre 1859, le Sultan ordonne de rechercher les causes de cette situation et charge une commission, composée du marquis de Plœuc pour la France, de MM. Falconnet pour l’Angleterre, Lackenbacher pour l’Autriche, d’examiner les finances et de proposer les réformes. En juin 1860, il la transforme en Conseil supérieur des finances et lui adjoint des Turcs. Les travaux du Conseil accusent une dette flottante dépassant 350 millions de francs ; mais, comme il n’existe aucun moyen de la rembourser, on l’augmente en remettant en circulation une partie du papier-monnaie (khaïmes) précédemment retiré. En 1862, on réussit à conclure avec la Banque ottomane et la maison Devaux et Cie un emprunt de 8 millions de livres turques (environ 180 millions de francs) 6 pour 100 émis à 68 ; le produit de l’opération sert de nouveau à effectuer le retrait d’une quantité importante de papier-monnaie. La Banque impériale ottomane, réorganisée en 1863 et dotée alors de son privilège d’émission, débute par l’émission d’un emprunt de 200 millions de francs, suivi d’un autre de 150 millions en 1865. Cette même année voit éclore la dette générale 5 pour 100 au capital d’un milliard de francs, dont la création eut pour prétexte la conversion des emprunts antérieurs. En 1868, 300 000 bons de 500 francs 6 pour 100 remboursables en cinq ans ; en 1869, un emprunt 6 pour 100 de plus d’un demi-milliard de francs ; en 1870, une première tranche des lots turcs de 300 millions destinée à la construction des chemins de fer, sont offerts au public.

En même temps, se fondent des banques, telles que la Société austro-ottomane, la Société austro-turque de crédit, dont les actions se négocient avec des primes énormes et aident le gouvernement à continuer la série de ses emprunts qui se succèdent avec une rapidité vertigineuse, 11 millions de livres sterling (275 millions de francs) de bons du Trésor 9 pour 100 émis à Londres en 1872, un demi-milliard de francs de rente 5 pour 100, les