Ces héros de ton fol et féerique opéra,
Comme on les sent du vin de la Renaissance ivres !
Comme tu ris en eux, Shakspeare, et te délivres,
Rabelais sensitif, Montaigne hors des livres !
— Et pour le sens, d’ailleurs, c’est comme il vous plaira !
André, vous êtes né sur les genoux des Muses !
Là-bas, parmi les fleurs, sous l’azur byzantin,
De vieux Faunes ont dû vous trouver, un matin,
Petit Grec souriant à leurs faces camuses !
Mais lorsqu’aux bois d’Aunay tintans de cornemuses,
Vous allez voir danser les pâtres sur le thym,
Parfois, en méditant quelque vers incertain,
Vous soupirez : « O cher et dur labeur, qui m’uses ! »
Ah ! profitez des jours, des heures, des instans !
Travaillez sans repos ! vous n’aurez pas le temps,
Hélas ! d’être épuisé par l’effort du génie !
Et retrouvez en vous l’âme de vos aïeux
Pour croire, un jour prochain, frère d’Iphigénie,
Que celui qui meurt jeune est aimé par les Dieux !
Toi, du fond de mon sort calme et simple, je t’aime
Pour ta folle âme inguérissable de bohème,
O précoce Rimbaud, Musset des vagabonds,
Flâneur des ports, marcheur des quais, rêveur des ponts,