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l’origine prétendue révolutionnaire du gouvernement de la France et de celui de la Belgique devait classer les trois cours du Nord en alliées naturelles ?

Enfin, l’Angleterre, qui avait fait un si loyal effort pour la cause de la France unie à la Belgique, n’était-elle pas, à tout instant, harcelée par sa presse qui lui rappelait que l’embouchure de l’Escaut, et Anvers ne devaient pas tomber sous la dépendance de la France[1] ?

La Conférence de Londres cessait de s’imposer. Unis au début de leur réunion, ceux qui la dirigeaient se sentaient irrésolus à la veille du conflit qui se préparait.

La plume avait terminé ses protocoles, et l’épée allait prétendre au dernier acte.

Le roi de Hollande qui avait accepté, parmi les délibérations de la Conférence de Londres, celles qui lui assuraient des avantages, repoussait énergiquement celles qui étaient favorables à la Belgique. Aux instances du baron de Vessenberg[2], envoyé à la Haye, par la Conférence, Guillaume répondit que, par les armes, il se réservait d’imposer ses conditions. Le 1er août, ses troupes prenaient l’offensive et il dénonçait l’armistice pour le 4.

Immédiatement, le maréchal Gérard s’avançait en Belgique, à la tête de 50 000 hommes. Les fils du roi Louis-Philippe, le Duc d’Orléans et le Duc de Nemours[3], étaient dans leurs rangs. Déjà, le roi Léopold avait mobilisé 25 000 soldats pleins de confiance, mais, hélas ! bien peu organisés.

Les premières rencontres des troupes hollandaises et des troupes belges ne devaient pas être favorables à ces dernières.

Peu habituées à la guerre, d’une discipline insuffisante, les divisions commandées par le nouveau Roi ne soutinrent pas le choc des Hollandais. Bientôt les troupes régulières se réduisirent à environ une dizaine de mille hommes, et le 12, malgré la vaillance du roi Léopold, ils ne purent se reformer que sous la protection des batteries de Louvain.

Le même jour, l’avant-garde des troupes françaises, sous la Conduite du jeune Duc d’Orléans, entrait à Bruxelles, aux cris de

  1. On exploitait le mot de Napoléon : « Anvers, à l’embouchure de l’Escaut et le poignard au cœur de l’Angleterre. »
  2. Représentant de la Hollande à la Conférence de Londres.
  3. Le Duc de Nemours venait de décliner la royauté de la Belgique.