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REVUE DES DEUX MONDES.


Samedi à 2 heures, 11 décembre 1831.

Mon cher Général, en repassant, dans ma tête, la dépêche de M. de Talleyrand, je trouve qu’il ne parle pour les puissances que d’une perte de 40 millions pour les forteresses dont elles permettent la démolition, tandis qu’il compte, comme restant aux puissances, la valeur des forteresses conservées, c’est-à-dire 60 millions, d’où il résulte que le traité Gobelet a pour but de subroger le Roi des Belges au Roi des Pays-Bas pour la garde des forteresses érigées contre la France et de lui imposer l’obligation de conserver toutes celles dont les quatre puissances ne permettraient pas la démolition. Veuillés observer que ce traité étant postérieur à celui du 15 novembre qui établit l’indépendance et la neutralité de la Belgique, c’est un engagement nouveau que le Roi des Belges contracte avec les quatre puissances et qu’on ne peut l’annuller qu’en exigeant l’annullation du Traité.

Je crois que nous en avons le droit et le devoir, et que dans le nouveau, il faudra que l’abandon pour les puissances de tout droit ou prétention sur les forteresses dont la démolition n’est pas stipulée, soit clairement et formellement énoncé.

Bonjour, cher Général. — L. P.


Vendredi matin, 6 juillet 1832.

Mon cher Général, vous aurez peut-être reçu des nouvelles plus détaillées de Londres, on dit que la flotte anglaise a déjà fait voile pour l’Escaut. Il faudrait que M. de Rigny[1] pût y envoyer une frégatte immédiatement. — L. P.


Samedi soir, 7 juillet 1832.

Mon cher Général, vous avés encore la lettre du Pape pour ma fille dont vous avés dû faire faire une traduction pour elle. Elle est pressée de l’avoir, ainsi que la Reine, et elles désirent aussi voir la dispense. Veuilles aussi faire rechercher, si tout cela est dans la forme ordinaire, et comment on doit donner cours à la dispense envers l’autorité ecclésiastique, par qui, à qui, et comment elle doit être adressée.

La Reine est très impatiente d’être mise au fait de tout cela, et d’avoir des renseignemens positifs sur la marche à tenir. J’écris à M. Girod de venir demain en causer avec moi et si cela

  1. Le comte de Rigny, ministre de la Marine.