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REVUE. — CHRONIQUE.

Finalement, qu’a-t-on fait ? On a voté la loi dont M. le président du Conseil avait déploré l’abandon, et qui dessaisit les liquidateurs pour confier les liquidations à l’administration des Domaines. Cette administration mérite confiance, et nous sommes convaincus qu’elle remplira avec zèle la tâche très lourde qui lui est confiée ; mais elle ne peut le faire que pour l’avenir ; son rôle, pour le passé, se réduit à constater avec exactitude le mal qui a été fait. Le réparer est plus difficile. Si l’argent a disparu ailleurs, comme chez M. Duez, comment le retrouver ? Les ayans droit, que ce soient de pauvres congréganistes ou des héritiers de donateurs et de légataires, n’en resteront pas moins dépouillés. Des misères très intéressantes ne pourront pas être soulagées, des dettes très légitimes ne pourront pas être acquittées. On aura la consolation, purement morale, de découvrir de nouveaux coupables, s’il y en a, comme, à tort ou à raison, on le croit généralement. Le gouvernement a déclaré que rien ne l’arrêterait dans l’œuvre de justice qu’il a entreprise. Mais, quoi qu’on fasse par la suite, une tache n’en restera pas moins sur le régime actuel ; rien ne pourra l’effacer. L’histoire trouvera dans les discours de M. Briand une habileté suprême à esquiver les difficultés : quant à la vérité simple et nue, c’est dans le discours de M. Paul Beauregard qu’elle devra la chercher.


Au moment où nous écrivons, la législature s’achève ; la Chambre tient ses dernières séances ; le vide se fait au Palais-Bourbon, pendant qu’au Luxembourg le Sénat montre la meilleure volonté d’en finir, lui aussi, avec la partie de l’œuvre commune qui lui incombe. Mais c’est à peine s’il a commencé la discussion du budget, et il faudra que cette discussion soit singulièrement écourtée pour être terminée à temps. Le gouvernement a décidé, en effet, que les élections auraient lieu le 24 avril. Les pouvoirs de la Chambre n’expirant qu’au mois de juin, les élections auraient pu tout aussi bien être faites en mai, et on se demande pourquoi le gouvernement met une si grande hâte à les précipiter. La vraie raison est sans doute que, son œuvre étant terminée vaille que vaille, la Chambre ne se livre plus qu’à des manifestations regrettables. On vient de voir que, d’autre part, l’affaire des congrégations reste en suspens Dieu sait de quels incidens elle est encore grosse II semble donc que le mieux est d’en finir, et tout le monde en est d’accord : on se demande seulement s’il sera matériellement possible de le faire au moment désiré. Quoi qu’il en soit, chaque député ne regarde plus que du côté de son arrondissement,