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certaines lois, délimitant avec plus de rigueur la mitoyenneté de l’Eglise et de l’État, lui semblaient nécessaires. Il critiqua les amendes que prévoyait le projet bavarois, et qu’il trouvait mal combinées. On pourrait, à volonté, concluait-il, porter au Reichstag, ou bien au Conseil fédéral, la primeur du projet : ici ou là, il garantissait le succès. Il ajouta qu’au prochain printemps, la chancellerie, à son tour, réclamerait certains changemens dans la législation pénale ; mais la Bavière devait prendre les devans tout de suite et mettre les journaux en branle pour inquiéter l’opinion publique au sujet des prêtres. Fort de l’assentiment actif de Bismarck, Hohenlohe s’assura près du député national-libéral Barth que l’on trouverait dans le Parlement, le cas échéant, un certain nombre de signatures. Sans plus tarder, il fit son rapport à Hegnenberg, et demanda d’autres instructions.

Le projet bavarois pouvait être présenté par initiative parlementaire ou par initiative fédérale : à la Bavière de choisir. Quelque temps on hésita : Barth, à Berlin, s’était engoué de l’idée, et d’avance convoqua, pour en parler, un certain nombre de députés qui prièrent Hohenlohe de les présider. C’était vers la mi-novembre. Fischer, le député d’Augsbourg, exposa la question. Lœwe, qui parlait au nom d’un certain nombre de progressistes, aurait préféré que la politique anticléricale s’inaugurât d’autre façon ; si d’ailleurs le projet récoltait toutes les adhésions, il s’y rallierait. « Ce qu’il faut, répliqua Bennigsen, c’est débusquer les ultramontains de leur position défensive : on n’en trouve plus, maintenant, une autre occasion. » Il était en vérité singulier, au moment où l’on élaborait un paragraphe contre l’offensive ultramontaine, d’en alléguer cette raison, que les ultramontains se cantonnaient dans la défensive, et qu’il fallait que cela finît : ce paragraphe était-il une sanction, ou seulement une provocation ? Bennigsen ajoutait qu’il fallait avoir égard aux désirs du Sud. « L’Empire, reprenait Miquel, doit donner protection à la Bavière ; » mais cependant, pour dire un oui bien formel, Miquel voulait que tous les partis libéraux fussent d’accord. « Allons-y, disait Bamberger, puisque la Bavière le veut ; » mais Bamberger affichait un certain manque d’enthousiasme. « On pourrait peut-être s’y prendre mieux, murmurait Hermann ; mais si les libéraux de Bavière veulent un coup de main, le Reichstag ne peut pas refuser. » Forckenbeck, plein