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REVUES ÉTRANGÈRES

L’AVENTURE TRAGIQUE DE JANE GREY


The Nine Days Queen, Lady Jane Grey and her Times, par Richard Davey, un vol. in-8o, illustré, de la collection : Romantic History, Londres, librairie Metliuen, 1910.


Un matin d’automne de l’année 1549, l’éminent humaniste anglais Roger Ascham, professeur de « calligraphie » du petit roi Édouard VI, ayant l’occasion de passer auprès du Manoir de Bradgate, résolut de s’arrêter un moment dans cette somptueuse maison dont le possesseur, Henri Grey, duc de Suffolk et marquis de Dorset, s’était constitué le patron attitré de tous les hommes de lettres et savans du royaume, à la condition qu’ils eussent adopté les nouvelles idées en matière religieuse. Sitôt entré dans l’immense parc de Bradgate, Ascham rencontra le duc et sa femme qui, accompagnés d’une nombreuse escorte, venaient de se mettre en route pour une partie de chasse ; mais il apprit d’eux que leur fille aînée, lady Jane, alors âgée de douze ans, était restée au château, et serait sûrement ravie de le voir. Il poursuivit donc son chemin à travers le parc, obtint des serviteurs la liberté d’aller surprendre lady Jane sans se faire annoncer, et, ayant ouvert doucement la porte du « cabinet » de la jeune fille, trouva celle-ci seule, assise devant la fenêtre, et « occupée à lire le Phédon de Platon, dans son texte grec, avec autant de plaisir qu’en prennent nos cavaliers à lire les joyeuses histoires de Boccace. »

Cette petite savante de douze ans était une gentille enfant toute frêle et menue, d’une taille fort au-dessous de son âge, et non pas