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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/227

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LA TRANSFORMATION DE LA CHINE.

sept cent cinquante millions de francs, soit, pour une population de 420 millions d’âmes, neuf francs par habitant, alors que la France possède en numéraire sept milliards, soit cent quatre-vingts francs par tête. De plus, la balance commerciale est nettement défavorable à la Chine, car les importations dépassent en ce moment les exportations de six cents millions de francs, et de ce fait, le stock métallique irait sans cesse en diminuant. Il faut toutefois remarquer que cette situation économique, si peu brillante en apparence, se montre sous un jour moins fâcheux, si l’on considère qu’on ne tient compte, dans les statistiques, ni des bénéfices tirés par la Chine de son exportation par terre, — par exemple vers la Sibérie ou par les ports où il n’existe pas de bureaux de douanes maritimes, — ni de l’argent dépensé par les étrangers, ni des sommes rapportées par les coolies, ni des ressources fournies par les commerçans chinois établis à l’étranger.

D’après les aperçus de comptabilité qu’on peut obtenir des ministères et des gouvernemens provinciaux, les revenus propres de l’Etat n’atteindraient pas quatre cents millions, et c’est à peine si l’on pourrait évaluer les revenus provinciaux affectés aux dépenses régionales et locales à pareille somme. Même sir Robert Hart, dans ses rapports, n’évalue les revenus de l’Etat qu’à trois cent soixante millions. Les principaux impôts qui forment les revenus sont la taxe foncière, le tribut du riz, l’impôt du sel, les octrois intérieurs ou likins indigènes, les douanes impériales, les droits sur l’opium. Encore ces derniers sont-ils destinés à disparaître lorsque la culture de l’opium aura cessé d’avoir lieu dans l’Empire et que l’interdiction de la drogue aura été étendue à toutes les classes de la population ; et il doit en être de même du likin, le gouvernement chinois s’étant engagé par une clause du traité anglo-chinois de 1902 à abolir le droit de douane provincial. Enfin il faut déduire de ces revenus la somme des intérêts à payer pour la dette chinoise, qui s’élève déjà à trois milliards et demi. Avec des ressources aussi minimes, le gouvernement doit pourvoir à sa subsistance, à l’entretien des services centraux, au paiement des fonctionnaires. Il doit en outre parer aux dépenses considérables que nécessite la mise en état des réformes, dépenses qui ne cessent d’augmenter au fur et à mesure que ces réformes se complètent et embrassent une plus grande étendue de l’Empire. Dans l’impossibilité de faire face à