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définie. Le remplira-t-il ? Les grands projets de M. Briand peuvent assurément servir à cela, soit par les adhésions, soit par les résistances qui se produiront autour d’eux. Ils contiennent, au point de vue parlementaire, un principe de vie et d’action. Le danger est que la nouvelle Chambre ne ressemble à une mare stagnante un peu plus grande que les autres, mais qui se résigne à n’en être que l’émanation. Alors, elle sera taxée de stérilité et d’impuissance, et la considération, déjà si amoindrie, du gouvernement parlementaire en sera encore plus gravement atteinte.


Si nous avons besoin d’énergie, nous en avons eu à Paris, pendant huit jours, une manifestation éclatante dans la personne de M. le président Roosevelt qui a été l’hôte de la France, hôte fêté avec une satisfaction particulière à cause des souvenirs qui se rattachent pour nous à sa présidence. Elle a duré près de sept ans, M. Roosevelt ayant pris la suite du mandat de M. Mac Kinley dont on se rappelle la mort tragique. Tant d’événemens se sont pressés dans cette courte période qu’elle donne l’impression d’avoir été beaucoup plus longue. Au reste, il n’a pas fallu longtemps à M. Roosevelt pour devenir ce qu’on appelle aujourd’hui un personnage mondial. Tout de suite, il a attiré l’attention par l’originalité toute en relief de son caractère et par la confiance qu’il a su inspirer. La volonté et la loyauté respirent effectivement en lui, et il donne l’impression d’un homme qui, sachant exactement ce qu’il veut, a trop de fierté pour ne pas le dire et trop de résolution pour ne pas le faire. M. Roosevelt a des adversaires sans doute, et il n’est pas fait pour inspirer des sentimens tièdes soit dans un sens, soit dans l’autre ; mais il a encore bien plus de partisans et d’amis, et nous ne sommes pas surpris de l’immense popularité qui l’entoure en Amérique. Il en est, à coup sûr, un des représentans les plus parfaits. On sait quels services il a rendus à son pays, services moraux parce qu’il lui a donné le sentiment de sa grandeur et de sa puissance, et services matériels parce qu’il les a effectivement augmentées. Ses services ne se sont d’ailleurs pas arrêtés à l’Amérique. On se rappelle le rôle qu’il a joué entre la Russie et le Japon pour amener la fin d’une guerre sanglante et le rétablissement d’une paix honorable pour les deux parties. Quant à nous, nous ne saurions oublier que, en toute circonstance, il nous a témoigné sa sympathie, et que cette sympathie nous a été utile : il était donc naturel que nous lui témoignions la nôtre, en y mêlant de la reconnaissance.

M. Roosevelt s’est d’ailleurs prêté volontiers à l’empressement du