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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/642

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seulement) était transporté à côté des étoiles les plus voisines, sa lumière serait à ce point affaiblie qu’il ne nous apparaîtrait plus que comme une simple étoile et non des plus brillantes. Ainsi se trouvait vérifiée pour la première fois l’opinion, qu’avec une merveilleuse intuition enseignaient déjà les philosophes de l’Ecole d’Alexandrie, s’il est vrai, comme Plutarque le raconte, qu’Héraclite ait dit « que chaque étoile était un monde existant dans l’immensité des cieux et avait autour de soi une terre, des planètes, et un espace céleste. »

Mais la connaissance des distances d’une quarantaine d’étoiles était insuffisante pour déterminer la structure de l’univers : à un homme égaré dans une immense forêt, la position des quelques arbres voisins ne peut rien apprendre sur l’étendue et la forme de cette forêt.

Malheureusement, la base qui nous avait servi, le diamètre de l’orbite terrestre, était, malgré ses 300 millions de kilomètres de long, tellement infime à côté des distances à mesurer, qu’il fallut renoncer à connaître jamais, par ce procédé, même l’éloignement d’une centaine d’étoiles.

On aborda alors le problème par des méthodes indirectes. Un exemple familier en fera comprendre le principe. Lorsque, par une nuit noire, un passant veut apprécier la longueur d’une rue où s’alignent à perte de vue les files de becs de gaz, il remarquera deux choses, s’il est un peu observateur. D’une part, les becs de gaz les plus proches, lui paraissent nettement distincts, tandis qu’à mesure que son regard s’éloigne, ils semblent, par l’effet de la perspective, se rapprocher les uns des autres jusqu’à paraître presque se toucher. Comme il sait que tous les becs de gaz sont à peu près équidistans en réalité, il lui sera facile de juger de la distance des plus éloignés, par la quantité dont l’écartement apparent de deux becs successifs diminue d’un bout de la rue à l’autre. Si un service de la voirie capricieux a disposé ces becs de gaz un peu au hasard et à des distances quelconques les uns des autres, notre homme ne sera pas embarrassé pour si peu s’il est ingénieux… Et s’il a un photomètre dans sa poche. Il sait en effet que l’éclat d’une source lumineuse varie comme le carré de la distance, c’est-à-dire est réduit à un quart lorsque cette distance a doublé ; il déduira facilement ce qu’il veut savoir du rapport des éclats apparens du bec de gaz le plus éloigné et de celui qui est à deux pas de lui. Enfin, si notre passant fait