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à vos enfans le trésor qui leur appartient, les Saintes Écritures, l’Imitation de Jésus-Christ, la Vie des saints recueillie par des auteurs judicieux… »

Après avoir ainsi, dans une sorte de préambule, établi les droits de la morale religieuse, la seule qui convienne à l’enfance, les évêques réunis édictaient pour ainsi dire le code des Écoles chrétiennes ; et ce code en douze articles contenait entre autres les prescriptions suivantes, qu’on ne saurait lire aujourd’hui sans admirer l’audace et la confiance de ces Lycurgues en soutane, légiférant au mois de nivôse en l’an IV de la République une et indivisible.


ARTICLE PREMIER. — Il y a dans chaque paroisse une école chrétienne, deux, s’il est possible : l’une pour les garçons, l’autre pour les filles. S’il y a impossibilité d’avoir plus d’une école, on redouble de précaution pour y faire régner la décence et les bonnes mœurs. Ces écoles sont entretenues aux frais des paroisses.

ART. II. — Le maître et la maîtresse d’école sont nommés par les paroissiens, sur la proposition du curé : l’évêque les approuve, et peut commettre à cet effet l’archiprêtre. Ils ne peuvent être destitués que par le concours des paroissiens et du curé ; en cas de dissentiment, on en réfère à l’évêque.

ART. III. — Le maître d’école sert aux cérémonies et au chant de l’église sous l’autorité du curé.

ART. IV. — Les intérêts de la patrie autant que la gloire de la religion, l’honneur des familles comme le bonheur des enfans, commandent aux pères et aux mères d’envoyer les enfans aux écoles chrétiennes ; ils y sont admis dès l’âge de cinq ans.

ART. V. — Dans les villes, les écoles commencent au 1er octobre et finissent à l’Assomption ; dans les campagnes, elles commencent à la Toussaint et finissent le 1er juin. Cependant, suivant les localités, elles se prolongent pour les enfans dont les travaux ne sont pas nécessaires à leurs familles.

ART. VI. — Le premier objet des écoles chrétiennes est d’apprendre aux enfans les élémens de la religion, et de leur expliquer les principaux points de la morale de l’Évangile ; ils apprennent les prières du matin et du soir, les commandemens de Dieu et de l’Église, les épîtres et les évangiles, le catéchisme du diocèse. Les enfans y reçoivent encore les premières instructions de la lecture, de l’écriture, du calcul, et de la civilité.

ART. VII. — Les principaux livres élémentaires des écoles chrétiennes sont l’Ancien et le Nouveau Testament, l’Imitation de Jésus-Christ et le Catéchisme du diocèse.

[Suivent deux articles, notés par erreur IX et X, le VIIIe n’existant pas, et relatifs à la façon d’agir des maîtres et des maîtresses ; ce sont de purs conseils de pédagogie.]

ART. XI. — Les maîtres et les maîtresses inspirent aux enfans la crainte et l’amour de Dieu, l’obéissance aux lois, l’amour de la patrie, la piété