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Attendez-vous à vous voir gouverner par l’ignorance et la scélératesse… »

Il faut donc que les parens fassent instruire leurs enfans ; mais comment faire ? « S’il est des sources pures où l’on doit puiser pour faire fructifier l’éducation, il est aussi des sources empoisonnées ; il est des pièges multipliés, dont on ne saurait trop s’éloigner. Chaque maître veut se faire honneur d’une nouvelle méthode inconnue à ceux qui l’ont précédé ; il est des empiriques dans cette matière plus que dans toute autre. » L’idéal est évidemment que les parens instruisent eux-mêmes leurs enfans ; mais combien peuvent le faire ? « Si vous ne pouvez pas vous-mêmes rendre ce service à vos enfans, faites choix de dignes instituteurs qui réunissent les mœurs aux talens. Si vous leur donnez des guides aveugles ou pervers, ils les conduiront dans des sentiers pernicieux ; ils vous les perdront… Exigez donc par-dessus tout que les maîtres que vous leur donnerez aient de la religion, une solide piété ; ils ne manqueront pas de l’inspirer à vos enfans ; ainsi ils vous procureront, à vous et à la société, un bien inestimable.

« Mais que devez-vous apprendre ou faire apprendre à vos enfans ? Le monde vous dit qu’il ne faut point parler religion aux enfans ; qu’il faut se contenter de leur apprendre les sciences humaines et la morale ; cette opinion n’est que trop accréditée ; mais vous savez que le langage du monde fut toujours en contradiction avec celui de Jésus-Christ… Qu’est-ce donc qu’une morale sans religion, sans Jésus-Christ ? Quelle est sa base ? Où est sa sanction ? Où trouvera-t-on ses motifs ? Nous pouvons bien, en entendant de pareilles absurdités, nous écrier avec le prophète : Les méchans m’ont raconté leurs rêveries ; mais qu’elles sont différentes de votre loi, ô mon Dieu ! »

Ici le Concile condamnait de la manière la plus formelle l’enseignement officiel, et il visait directement les manuels de morale analogues à celui de La Chabaussière. Sans se mettre en frais d’imagination, il reproduit textuellement la phrase qu’on a pu lire dans l’Encyclique de 1795 : « N’attendez donc que bien peu de chose de ces enseignemens arides et emphatiques qu’on a voulu substituer aux élémens de la religion ; rendez, rendez à vos enfans le trésor qui leur appartient… » Suit dans la lettre synodique un passage très pressant sur l’alliance intime du patriotisme et de la religion, « C’est là, pères et mères, que