la Chrétienté contre les envahisseurs et les infidèles. » Le schisme empêche d’aboutir une négociation qui aurait peut-être épargné à l’Europe l’invasion ottomane. Les Turcs installés en Europe, des coalitions temporaires se nouent parfois, entre leurs adversaires, Hongrie, Transylvanie, Valachie, Pologne, Empire ; mais elles ne survivent guère au péril immédiat qui les fait naître ; et l’on voit même des ententes particulières intervenir entre le Grand Seigneur et quelqu’un des petits Etats chrétiens qui, sur ses frontières, changent si souvent de forme et de maître. Aucune organisation fédérative durable n’apparaît. C’est seulement au XIXe siècle, avec la résurrection des nationalités chrétiennes de la péninsule, que se précise l’idée d’une entente générale entre les peuples balkaniques. Elle est toujours dirigée contre les Turcs que son objet est de chasser d’Europe pour restaurer ensuite les Etats chrétiens jadis détruits par eux. Il s’agit donc moins de projets de confédération que de tentatives de coalition ; elles naissent presque toujours sous les auspices de Pétersbourg ou de Vienne, et c’est de là qu’elles reçoivent un appui et une direction. Aucun de ces projets ne fait au Turc sa place ; il est l’adversaire ; c’est contre lui que l’on se groupe, la haine qu’il inspire est le seul ciment qui paraisse assez solide pour unir entre elles des populations de race, de religion et d’intérêts très divers. Jusqu’à la révolution de juillet 1908, ce sera là un caractère commun à tous les projets d’entente balkanique. Ils admettent comme un postulat la décadence irrémédiable de l’Empire Ottoman.
On trouve l’idée d’une confédération des peuples chrétiens du Balkan pour leur commun affranchissement chez la plupart des hommes qui, au nom de la liberté des peuples, ont, dans la première moitié du XIXe siècle, appelé les Grecs et les Slaves à l’indépendance ; on la trouve chez un Karageorges et un Milosch, un Rigas et un Ypsilanti ; Slaves et Grecs unis par une même religion, un même idéal de patriotisme et de liberté, ne prévoyaient pas encore les luttes de l’avenir : l’union leur paraissait indispensable et facile.
La première tentative de réalisation d’une organisation fédérative est venue de la Serbie[1]L’illustre patriote et homme
- ↑ The future of the Balkan, by Mil-R. Ivanovitch, Fortnightly Review de juin 1909, article intéressant et documenté auquel nous avons fait plus d’un emprunt.