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l’occasion de revenir, — aurait, sur les événemens qui peuvent se produire dans les Etats balkaniques, une répercussion considérable. L’avenir de la Hongrie, de la Croatie, des Serbes, des Bulgares, des Roumains, est en suspens. Entre Vienne et Constantinople, des peuples et des tronçons de peuples s’agitent, tantôt s’attirant, tantôt se repoussant, nouant et dénouant des alliances, encore incertains du sens où une impulsion décisive viendra orienter leur histoire et fixer leurs destinées. La Confédération danubienne imaginée par Kossuth, les projets de « Trialisme » actuellement étudiés en Autriche, la confédération balkanique ou la confédération orientale, sont des solutions diverses d’un même problème qui s’étend depuis la Leytha jusqu’au Bosphore. L’avènement d’un nouveau règne et d’une nouvelle politique en Autriche, le succès ou l’échec de la Jeune-Turquie décideront de l’avenir. La « force bulgare » interviendra. Il serait téméraire de se risquer à des prévisions plus précises ou plus lointaines.


IV

Nous avons posé, au début de ces pages, une question précise : une confédération balkanique est-elle possible ? Essayons d’y répondre par des précisions, en résumant les conclusions auxquelles nous sommes parvenus.

Une confédération ou une alliance défensive des États de la péninsule des Balkans ne serait vraiment efficace, pour assurer la tranquillité de l’Orient et la paix de l’Europe, que si l’Empire Ottoman en faisait partie. Seule une telle combinaison pourrait se donner pour objet de réaliser le programme : « les Balkans aux peuples balkaniques, » et de prévenir toute immixtion des grandes puissances dans les affaires orientales. Cette hypothèse nous a paru, sinon tout à fait chimérique, du moins d’une réalisation difficile et improbable. Le succès d’une entente de cette nature, conclue sans arrière-pensée et sur le pied d’égalité entre la Turquie et les autres Etats, dépend surtout de la Turquie elle-même, du succès de sa réorganisation intérieure et de la politique qu’elle suivra vis-à-vis des nationalités. Une transformation comme celle que les Jeunes-Turcs ont entreprise depuis la révolution de juillet 1908 est une œuvre de longue haleine. Tant que le nouveau régime n’est pas parfaitement assis et consolidé, tant