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Au surplus, n’en déplaise à ce sociétaire de la Comédie-Française, qui, dans une heure de dédain paradoxal, déclara que l’auteur n’est qu’un prétexte, la pièce demeure presque toujours le principal, et l’interprète l’accessoire, — le comédien n’est que le porte-voix, le héraut de l’auteur ; celui-ci a droit à plus d’éternité. Quelque grand que soit le talent de Lecouvreur, de Baron, de Frédérick-Lemaître, de Malibran, de Faure, il y a un abîme entre eux et Racine, Corneille, Victor Hugo, Musset, Beethoven, Meyerbeer, Rossini, Wagner ; et, de nos jours, les meilleurs artistes des théâtres lyriques ou comiques semblent encore de minces personnages à côté d’hommes tels que Saint-Saëns, Reyer, Paul Hervieu, Rostand, Donnay, Brieux, Richepin, Henri Lavedan. Leur art, moindre, rend moindre aussi leur réputation, et la postérité assigne aux uns et aux autres leur juste place.


VICTOR DU BLED.