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secrétaire privé du vice-roi, chez M. Butler, le chef du Foreign Department, qui veut bien tout prévoir pour moi avec le Résident du Népal. Pendant quelques jours, grâce à mon hôte, je circule en voiture à chevaux le long des délicieux chemins tournans qui, N en bordure de précipice, festonnent les montagnes ; cette faveur, est réservée, par mesure de sécurité publique, à trois personnes et à leurs maisons : le vice-roi, le commandant en chef, le lieutenant-gouverneur du Punjab.

Les autorisations demandées me sont accordées : mon programme se précise, le voyage au Sikkim suivra et complétera celui du Népal. Les dernières pluies ont cessé devant les premiers froids et tandis que les sangsues rentrent en terre dans le Téraï marécageux, je fais dans la vallée du Sutledj un « raid » que je raconterai plus tard, au cours duquel je devais être le premier Européen à saluer, sur la route du Tibet, M. Sven Hedin revenant de son mémorable voyage dans l’Asie Centrale.

Mon « raid » dura vingt-cinq jours. Revenue à Simla, je partis pour Raxaoul, le point terminus du chemin de fer des Indes au Népal. Neuf heures de trajet de Simla à Kalka par la petite ligne qui contourne les montagnes comme le sentier des coolies. Huit trains successifs doivent, en deux jours, me conduire à la terre promise, par Moghal Saraï, près de Bénarès, et Bankipore, près de Patna, jusqu’où il me faut redescendre et où je fais une première étape confortable de vingt-quatre heures. Les six autres changemens de train et la traversée du Gange en bateau, — une heure de navigation sous le ciel étoile — sont réservés à la seconde nuit de voyage. Aux embranchemens de Sonepore et de Muzaflarpore je suis encore aux aguets. A l’aube de la troisième journée de route, j’arrive à Segowlie, dans le Téraï, et, vers huit heures, à Raxaoul, station frontière du territoire britannique.

Quatre ou cinq notables personnages attendent devant mon wagon, parmi lesquels l’Havildar, chef de la petite cité, entouré de tout un monde de curieux et de coolies prêts à m’emporter avec mes bagages. Un appareil est nouveau pour moi sur le quai ; je distingue, posée à terre, sur quatre pieds très courts, une grande boîte oblongue, haute d’environ un mètre, avec de vastes ouvertures coulissées sur les côtés ; c’est