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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/187

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A Meyronnes, arrondissement de Barcelonnette, le 26 juillet 1900, le torrent de la Courbe envahit le village de Saint-Ours et le chef-lieu, ainsi que les prés et les champs environnans. Les pertes affirmées par tous les articles publiés immédiatement sous le titre : « Un village détruit » auraient été de 200 000 francs. Elles ont à peine atteint 3 500 francs, dont 1 000 concernant les maisons et 2 500 les propriétés. Celles-ci ont été remises en valeur tout de suite, et un fossé qui les traverse est le seul vestige qui subsiste de l’événement. A Grésy-sur-Isère, la Lavanche vomit sur le hameau du Villard, le 11 juillet 1902, des boues, des pierres et des blocs de rochers, emporta deux petits ponts et recouvrit un hectare et demi, dont un quart fut remis en culture. On a comparé cette crue à la catastrophe glaciaire de Saint-Gervais qui fit 200 victimes !

La catastrophe de Bozel est une des plus tristes, puisqu’on eut à déplorer la mort de onze personnes, mais les pertes matérielles, qu’on avait dit avoir atteint 500 000 francs, n’en ont pas dépassé 100 000. Aux Fourneaux, d’après toutes les relations du lendemain de la calamité du 23 juillet 1906, 50 maisons auraient été détruites, 200 familles sans abri, 200 hectares envahis, et les pertes se seraient élevées à 5 millions ; et un an plus tard, on relisait encore les mêmes choses dans certaines revues. En fait, combien y eut-il d’hectares recouverts ? Un ; — de maisons détruites ? Aucune. — Les dommages consistèrent en une obstruction de la voie ferrée dont le dégagement coûta 80 000 francs à la Compagnie, dans l’engravement de l’hectare signalé et en détériorations aux demeures d’une quinzaine de familles, que réparèrent largement les indemnités allouées par l’État et le Conseil général.

Pour Ouzous, c’est un village de 200 âmes qui vient de disparaître le 17 décembre 1906 en quelques secondes, sous une avalanche de neiges qu’aurait empêchée jadis une immense forêt que les habitans ont brûlée. Perte : 1 million. Ce fut bien une poignante catastrophe, mais ce n’est pas là ce qui s’est passé. La neige était absente. L’événement est arrivé à 10 h 40 du matin par un très beau soleil ; seulement, il avait plu torrentiellement sans interruption, pendant les quatre nuits et les quatre jours précédens. 120 000 mètres cubes de terres détrempées se détachèrent d’un coup de la rive droite de l’Arter et, en une minute, engloutirent à fond trois maisons avec leur bétail et,