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volonté : cherchons à le prouver par l’exposé de la constitution d’une commune pastorale type.

La commune pastorale type de haute montagne comprend, du bas au sommet, quatre étages : 1° des champs, des prés et une pâture commune autour des villages ; 2° des forêts ; 3° de nouveaux groupes de prés et des pâturages particuliers ; 4° des pâturages communaux étendus, plus ou moins accidentés, que couronnent les crêtes, le rocher ou le glacier.

Au printemps, les provisions de foin étant à ménager, ou épuisées, le bétail, dès que la neige a disparu, parcourt les pâturages inférieurs. L’été venu, il pâture le quatrième étage, mais il redescend tous les soirs sur le troisième, où il est parqué. Les communaux supérieurs ne reçoivent donc qu’une faible partie de l’engrais du bétail qu’ils nourrissent, et telle est l’unique cause de leur médiocrité. Cependant, il faut le reconnaître, ils rendent, par-là même, plus fertile et plus productive l’écharpe de propriétés particulières situées au-dessous d’eux. Le foin de celles-ci étant ensuite descendu dans la vallée, pour subvenir à la nourriture des animaux pendant l’hiver, et l’engrais des étables des villages étant, à son tour, transporté sur les terres arables environnantes, on voit qu’indirectement le communal d’en haut concourt activement à la fécondation des terres arables d’en bas. Mais si on laissait à sa disposition l’engrais qu’il leur envoie, il s’améliorerait facilement.

Cette solution est-elle possible ? C’est une question d’irrigation avant tout ; car, si l’on pouvait arroser les pentes inférieures et les terres de la vallée, tous les propriétaires s’appliqueraient spontanément à convertir leurs champs, qui rapportent si peu, en prairies ; les prairies basses, une fois plus étendues, suffiraient à la nourriture du bétail hiverné, et la descente, d’ailleurs si coûteuse, des foins des prés supérieurs serait abandonnée ; l’exploitation de ces derniers se fusionnerait avec celle des communaux qui les dominent et formerait avec eux des montagnes pastorales qui, en conservant tout l’engrais de leurs troupeaux, atteindraient vite une grande prospérité. En même temps, le prolongement de la stabulation hivernale permettrait de reboiser les pâtures communales inférieures généralement pauvres et destinées, par cette pauvreté même, au boisement. Le grand progrès consisterait donc à multiplier les petits canaux d’arrosage, et, si les torrens ou les ruisseaux font défaut, à employer