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du fonds par l’État ou par des sociétés artistiques ou touristiques indifférentes au rendement en argent.

La forêt s’agrandit sur tous les points du territoire, mais à peine peut-elle s’accroître d’un dixième de sa propre contenance actuelle. La réalisation plus rapide des boisemens utiles dépend surtout du perfectionnement de l’art de planter sur les terres propices et de la renonciation à de stériles efforts sur les terrains contraires. Ces travaux conviennent à l’État, aux communes et aux particuliers, mais ils ne s’accordent pas avec les exigences des capitaux confiés aux associations financières.

Les pâturages s’améliorent parallèlement aux progrès de l’agriculture. Des sociétés locales d’économie alpestre, qui veilleraient à la répartition la plus profitable des subventions gouvernementales et organiseraient des concours entre domaines pastoraux, provoqueraient la réalisation de toutes les améliorations désirables.

Les crédits présentement affectés aux travaux de boisement et de gazonnement sont plus que suffisans. Les travaux d’art n’ont jamais touché qu’à des intérêts très limités. Ils devraient se réduire aux rares localités qui consentiraient à assumer la moitié ou au moins le tiers de la dépense.

Ni la beauté ni les richesses de nos montagnes ne sont menacées, parce qu’elles reposent sur une indéfectible harmonie entre leurs besoins, leurs sols et leurs climats, qu’a créée l’habitant au cours des siècles, et que perfectionne encore de nos jours le jeu libre des intérêts privés et communaux, sous la tutelle et à l’aide des lois existantes, lois excellentes, élastiques et souples, dont on ne tire point un parti complet, mais que les leçons de l’expérience et la connaissance plus approfondie des réalités conduiraient à rendre souverainement efficaces.


F. BRIOT.