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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/595

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Tien-tsin, l’autre à Outchang. Le gouvernement fait également état des milices mongoles et tibétaines. L’unité mongole est la tente de 150 hommes, dont 50 cavaliers, âgés de dix-huit à soixante ans. Ils sont, comme nos goums arabes, en service permanent. Un nombre plus ou moins grand de tentes, généralement six, forme la horde. Celles-ci se groupent en confédérations appelés « Sem. » L’effectif mongol disponible paraît être de 50 000 cavaliers âgés de dix-huit à trente ans. Il est peu probable que cette cavalerie puisse être employée ailleurs que dans son pays. Son obéissance est douteuse. Quant aux milices tibétaines, en évaluant les réguliers à 6 000 et les miliciens à 10 000, on atteint un maximum. Les troupes impériales viennent de faire une expédition au Tibet, la résistance a été à peu près nulle. Les journaux chinois ont mené grand bruit sur cette campagne. Ils l’ont représentée comme un fait de guerre remarquable prouvant la force de l’armée nouvelle, et cela avec assez d’art pour que des journaux anglais comme l’Evening Standard et le Telegraph aient l’air de s’en émouvoir.

L’Evening s’écrie : « Y a-t-il quelque chose de plus symptomatique que les progrès faits par l’armée chinoise sous la direction d’instructeurs japonais et allemands ? Cette expédition nous les révèle et nous permet d’entrevoir ce que sera l’incalculable force de la Chine, lorsqu’elle se sera assimilé la science européenne et son entraînement militaire. Cette expédition doit être notée avec soin par les historiens. C’est l’ouverture d’un chapitre nouveau, le commencement d’une époque nouvelle. » Le Telegraph va plus loin : « Pour la première fois, dit-il, depuis que nous avons pris le gouvernement des Indes, nous allons avoir probablement en permanence des forces chinoises campées à nos portes, et nous serons heureux si des questions relatives à la frontière Nord ne nous sont pas une cause d’anxiété, comme le fut toujours la fameuse question du Nord-Ouest. » Il est probable que ces articles ont été écrits dans les bureaux du Ouei-ou-pou (ministère des Affaires étrangères). Les Chinois savent très bien se servir de la presse étrangère, mais, si leur origine est anglaise, nos amis d’outre-Manche peuvent se rassurer. Les forces chinoises évaluées à 20 000 hommes pourvus d’une nombreuse artillerie et de tous les engins de guerre moderne, y compris bien entendu des postes de télégraphie sans fil, se réduisent à 5 000 hommes environ avec quelques batteries de montagne.