Il n’est pas rare que des événemens dont l’importance eût vivement sollicité, dans des circonstances ordinaires, l’intérêt des esprits éclairés, soient relégués au second plan, passent même inaperçus, lorsque des faits d’une intense émotion viennent tout à coup se saisir de l’attention publique et l’absorber.
C’est ce qui arrive à la Conférence diplomatique internationale réunie du 18 avril au 4 mai dernier à Paris, sur la convocation du gouvernement français. Son double objet était d’un haut intérêt. Il s’agissait, d’une part, de compléter les dispositions prises antérieurement pour frapper cet abominable fléau de la Traite des Blanches dont la récente découverte a jeté un si grand émoi dans le monde entier ; de l’autre, d’opposer une digue à la néfaste invasion du commerce de l’obscénité, cause si manifeste de la dégénérescence des mœurs et de l’accroissement de la criminalité juvénile.
Mais la mauvaise fortune a voulu que la réunion de cette Conférence coïncidât avec une succession d’événemens si particuliers, que tout devait s’effacer devant eux. Comment lutter contre les préoccupations d’une élection politique, la curiosité du passage d’un personnage privé fêté à l’égal d’un souverain,