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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/200

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le pentacosiomédimiie aurait plus de vingt hectares produisant chaque année, soit une cinquantaine en tout. On voit que les plus riches citoyens d’Athènes sont encore des gens modestes.

Le chevalier, d’après les mômes évaluations, récolte de quoi nourrir 24 personnes, et possède 30 hectares : c’est assez pour avoir « pignon sur rue » dans un des bourgs de l’Attique, et pouvoir se montrer à cheval dans la fête des Panathénées. Enfin, le zeugite récolte du blé pour 12 personnes, et possède environ 15 hectares : ces chiffres évoquent encore l’idée d’un paysan aisé, nourrissant facilement quatre enfans, et entretenant un ou deux serviteurs.

Quant au thète, c’est essentiellement un journalier agricole : le mot et le verbe qui en dérive se sont toujours appliqués à ceux qui se louaient aux propriétaires fonciers pour la moisson. Néanmoins, parmi les citoyens d’Athènes qui ne récoltaient pas chez eux 100 hectolitres par an, il y en avait évidemment un certain nombre qui possédaient leur part du sol, ne fût-ce qu’une cabane à Acharnes, au pied de l’Hymelte, et surtout dans la montagne : ajoutons les pêcheurs de la côte. Mais, dans l’ensemble, la masse des thètes vivait en louant ses bras aux propriétaires grands et moyens des trois premières classes, comme fermiers, métayers, aides de culture, bergers, etc. On nous dit par exemple que Clinias, le grand-oncle d’Alcibiade, combattit à l’Artémision sur une trière équipée entièrement avec des gens de sa maison : ces gens étaient les tenanciers, fermiers, journaliers, etc., de ses domaines de Scambonides ou d’ailleurs, qu’il avait embarqués et dressés au difficile service de la rame[1]. Sans faire aussi bien les choses, les autres triérarques, les Phormos, les Lycomède, avaient trouvé également sur leurs terres le noyau de leurs équipages. Cette discipline sociale encore très grande explique la rapidité, surprenante au premier abord, avec laquelle se forma la marine qui vainquit à Salamine.


Une autre culture avait gagné du terrain sans C6jse depuis l’époque de Solon : celle de l’olivier, destinée à devenir la vraie richesse de la stérile Attique.

L’olivier était un arbre national en Attique : il passait pour un don d’Athèna elle-même. On lisait, sur les tables de Solon,

  1. L’équipage d’une trière comprenait 200 hommes.