volontiers son argent à un parent, à un ami mieux informé : c’est ainsi que Socrate avait confié sa petite fortune à Cri ton qui la faisait valoir. Déjà pourtant le rôle des intermédiaires entre capitalistes et entrepreneurs grandissait. La première banque dont on nous parle est celle d’Antisthène et d’Archestrate (vers 435-404), au Pirée, — celle même dont la direction passa ensuite à Pasion.
Le banquier devint un personnage plus nécessaire à mesure que, par suite de la situation impériale d’Athènes, les placemens au dehors se multiplièrent. On nous atteste cependant qu’au temps de la guerre du Péloponnèse, les Athéniens qui avaient prêté au dehors étaient forcés à des déplacemens fréquens pour surveiller leurs intérêts. Évidemment, la circulation n’était pas, au Ve siècle, des plus régulières. Ces placemens étaient souvent garantis par des hypothèques. C’est ainsi que Diodote a, vers 412, 2 000 drachmes placées dans la Chersonèse de Thrace : on lui envoie tous les ans l’intérêt en blé, et l’intérêt doit être élevé, car, quand il meurt, on compte sur ces envois de blé pour nourrir ses deux enfans. Il est vrai que nous sommes en un temps où un homme fait peut vivre avec une demi-drachme par jour.
Pour que ces hypothèques fussent sûres, il fallait que l’Athénien pût acquérir de la terre dans l’étendue de l’empire. Or, on sait que l’acquisition de terres par des étrangers était tout à fait contraire aux coutumes grecques. Il avait fallu, pour la rendre possible, des conventions spéciales, plus ou moins extorquées aux villes alliées. Ce fut, avec les clérouchies dont nous reparlerons, un des mauvais souvenirs que laissa la domination attique.
Quoi qu’il en soit, il paraît qu’au temps de la guerre du Péloponnèse, une grande partie des capitaux athéniens étaient placés dans les îles. Le placement devait être avantageux, car à Délos, en 434-433, dans des conditions de sécurité exceptionnelles, le taux de capitalisation de la terre était de 8 pour 100, et l’intérêt de l’argent de 10 p. 100. Ces créances n’étaient garanties que par la puissance d’Athènes, en particulier par l’obligation pour les alliés, de venir plaider devant les tribunaux athéniens : elles furent anéanties par la guerre du Péloponnèse. Mais, quand la crise de réaction anti-athénienne sera passée Athènes retrouvera sa place comme bourse du monde