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LA CRISE DU FRANÇAIS
ET
L’ENSEIGNEMENT LITTÉRAIRE À LA SORBONNE

C’est, depuis quelques années déjà, une levée de boucliers contre la Faculté des lettres de Paris et ses nouvelles méthodes d’enseignement. On l’accuse, un peu pêle-mêle, d’être responsable de la « crise du français, » c’est-à-dire de la façon dont écrivent actuellement la plupart des Français et notamment les futurs professeurs, laquelle, je ne cherche pas à le contester, est effrayante ; — d’avoir inauguré et de pratiquer des méthodes d’enseignement qui sacrifient absolument l’éducation du goût à la connaissance des faits d’histoire littéraire ; — d’avoir inauguré et de pratiquer des méthodes d’enseignement qui substituent une critique scientifique des choses littéraires à une critique littéraire des choses littéraires.

Ne parlons pas de toutes les choses à la fois, comme c’est un peu le défaut de ceux qui attaquent la Sorbonne moderne et même de ceux qui la défendent, et distinguons nettement ces trois chefs d’accusation.

Tout d’abord, il faut mettre tout à fait à part la crise du français, dont la Sorbonne ne peut mais, et qu’on mêle tout à fait mal à propos à ses affaires. Il est très vrai qu’on n’a jamais plus mal écrit le français qu’aujourd’hui ; il est très vrai qu’on ne sait plus du tout le français. Mais c’est probablement la faute des établissemens où on devrait l’apprendre et non pas de celui où l’on n’est admis, où l’on ne devrait être admis, que le sachant.