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dans le lieu d’origine des roches tombées du ciel, il devait y avoir une roche de péridot qui, après sa constitution, a été concassée, désagrégée, réduite en fragmens accumulés, et dans les interstices desquels se sont fait jour des émanations capables de conditionner la matière métallique complexe qui en cimente maintenant les élémens. Cette conséquence inévitable nous montre le milieu météoritique, sous un jour bien imprévu.

Sans vouloir abuser des descriptions du même genre, il convient de mentionner, à côté des brèches et des roches filoniennes, — que comprennent les météorites en outre de leur type homogène, — des roches dont l’histoire toute différente trouve encore son éclaircissement dans la comparaison avec des phénomènes terrestres. Certaines d’entre elles, par exemple, se signalent comme des roches éruptives, comparables à nos porphyres et à nos basaltes pour leur manière d’être générale et en dépit de leur composition toute spéciale. L’une des plus célèbres à cet égard est un bloc de fer qui a été découvert dans la Sierra de Deesa au Chili et qu’on peut voir au Muséum. Un trait de scie, mené au travers de sa masse, y montre le métal compact empâtant des fragmens anguleux d’une pierre très noire qui se rapporte au type tadjérite. Cette structure est exactement celle des basaltes de la pittoresque falaise d’Antrim, dans le Nord de l’Irlande, où des fragmens anguleux de marbre sont empâtés dans la roche volcanique. Pour le basalte, on est très bien renseigné : on sait qu’il a fait éruption, à la manière des laves du Vésuve, au travers de couches composées de calcaire. Les parois des cassures au travers desquelles l’ascension de la roche fondue a eu lieu se sont désagrégées par place, et les débris ainsi séparés ont été englobés par la roche fondue qui, par refroidissement, les a solidement cimentés les uns avec les autres.

La ressemblance de structure est si intime qu’on ne peut douter un instant de la conformité des procédés de production, et cela revient à dire que le fer de Deesa n’a pas pu se produire d’un seul coup, par une opération unique : là où il s’est fait, il fallait de toute nécessité qu’il y eût des masses de la roche noire disposées au-dessus du laboratoire dans lequel le fer était maintenu à l’état de fusion ; il fallait que ces masses de roche noire se fussent fissurées et que, par les fissures, l’éruption du fer ait pu avoir lieu ; il fallait enfin que, pendant l’ascension du