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NOTES
SUR
MADAGASCAR


I

Depuis quinze ans, la France compte Madagascar au nombre de ses possessions, et cette colonie a déjà fait beaucoup parler d’elle. Après les temps difficiles qui ont suivi la campagne de 1895, après l’application des principes du général Galliéni et leur transformation par M. Augagneur, après les hésitations, les incertitudes, les espoirs et les désillusions, les bruyans succès des uns et les découragemens des autres, les conflits de théories et d’intérêts dont la « Résidence » de Tananarive fut le théâtre, on doit se demander si la grande île est une conquête profitable et si les critiques et récriminations d’aujourd’hui ne sont pas l’indice d’une réaction trop vive contre les enthousiasmes d’antan.

Les opinions sur Madagascar sont variées, suivant qu’elles sont émises par les chargés de mission à qui le bon vouloir et le zèle de nos représentans officiels ne font pas défaut ; par les touristes voyageant à leurs frais et doués de la faculté rare d’observation ; par les colons qui vont y recommencer la lutte pour la vie ; par les militaires à qui leur existence errante permet de lointaines et d’impartiales comparaisons. Entre les louanges poétiques, les dénigremens, les regrets et l’ennui, il y a place pour une appréciation moyenne, plus éloignée cependant des emballemens du début que des négations systématiques d’aujourd’hui.

On peut affirmer a priori qu’une colonie où, pour des raisons diverses, la race conquérante ne saurait croître et