Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/475

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les dernières décisions prises par le Saint-Siège et les documens qui les ont rendues publiques ont trop d’importance pour qu’il nous soit permis de les passer sous silence. Nous en parlerons avec le respect que méritent toujours les actes de la plus haute autorité morale qui soit au monde, mais avec sincérité et liberté. L’impression qu’ils ont produite n’a pas été exempte de quelque inquiétude, et, le monde catholique, s’il donne une fois de plus l’exemple d’une soumission parfaite, n’est pas sans prévoir que, dans la pratique, cette soumission n’ira pas sans difficultés.

Ce n’est pas tant au Sillon que nous pensons en ce moment, qu’aux ordres très impératifs qui ont fixé l’âge auquel les enfans devront désormais faire leur première communion : nous y reviendrons et en parlerons dans un moment. Pour ce qui est du Sillon, les conséquences de sa condamnation seront assurément moins graves. L’œuvre n’était pas sans défauts. La lettre que le Saint-Père a adressée à l’épiscopat français pour les dénoncer et les condamner est un document remarquable par le fond et par la forme. Le ton en est vigoureux. Il y règne, par momens, une ironie puissante et courroucée qui semble faire effort pour se contenir, et même pour s’atténuer quand, après avoir parlé des choses, l’auteur du document parle des hommes auxquels il les impute. Il reconnaît que leurs intentions ont été bonnes, mais il affirme qu’ils se sont égarés peu à peu et, après les avoir avertis, il compte sur leur obéissance. Ils ont obéi, en effet. M. Marc Sangnier a dissous le Sillon et les œuvres qui s’y rattachaient. Il a conservé seulement son journal, qui semble avoir échappé à la condamnation pontificale, pour y continuer sa propagande dans les limites qui lui ont été fixées. Tout le monde est libre d’avoir un journal ; M. Sangnier en a le droit comme tous les autres