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L’ÉVOLUTION DES DÉPENSES PRIVÉES
DEPUIS SEPT SIÈCLES[1]

LE LOGEMENT
I.
CHATEAUX ET JARDINS

Nous ne savons pas trop si rame de nos aïeux fut pareille à la nôtre ; il faudra le travail de plusieurs générations pour la dévoiler davantage. L’histoire qu’on nous enseigne ne nous a pas là-dessus appris grand’chose. Pour mesurer l’énergie des hommes qui foulèrent avant nous ce sol de France, nous n’avons pas de dynamomètre ; aucun phonographe n’a enregistré leurs éclats de rire ; nous ne pouvons jauger les tonneaux de larmes qu’ils ont répandues et il n’est point de réactif chimique qui trahira la somme exacte de leurs vertus et de leurs vices.

Il faut nous en tenir au matériel, tourner autour d’eux. Comme la coquille nous révèle l’animal disparu, le bâtiment nous révèle l’habitant, l’idéal de l’homme visible qui mange, marche, se bat ou travaille. Cet idéal crée le milieu ou excite à le transformer ; mais le milieu à son tour influe sur l’idéal de vie, sur ce que l’on prise le plus à chaque époque et sur l’ordre et la nature des distances qui, suivant les époques, séparent les humains. Ce ne sont pas de simples chiffres, de

  1. Voyez la Revue du 15 avril 1910.