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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/83

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DEUX CONCEPTIONS
DE
L’HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION

TAINE ET M. AULARD

Se quereller sur la Révolution est vain. Mais une question de principe et de méthode se pose et a été soulevée à propos de l’histoire de la Révolution, et elle a une portée qui dépasse le débat un peu trop personnel d’où elle est sortie. C’est M. Aulard qui a pris l’offensive. M. Aulard, professeur d’histoire de la Révolution à la Sorbonne, est un spécialiste par définition. Non seulement la Révolution est son domaine, mais il a une tendance, après l’avoir exploré durant une trentaine d’années, à le regarder comme un domaine réservé. Il fait involontairement grise mine aux indiscrets qui s’aventurent sur ses terres, ou même qui s’y sont aventurés avant lui, surtout si le produit de leur chasse diffère du sien. C’est dans cet esprit qu’il a consacré deux ans de sa vie à dresser un réquisitoire contre Taine historien (Taine historien de la Révolution française). Il attaque sa méthode en général et sa documentation en particulier. Taine bourre son texte de citations et ses notes de références dont l’appareil a imposé jusqu’ici. Même un journal socialiste, l’Humanité, s’est cru obligé de qualifier Taine de « grand historien » quand on lui éleva une statue dans sa ville natale en 1905. M. Aulard, qui avait refusé son obole à la souscription, a tenu à dire pourquoi. C’est que les références