Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/894

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
POÉSIE

LE BANQUET CHEZ CLINIAS

Clinias, disciple de Socrate, reçoit son hôte, Ctésiphon de Samos, dans un banquet auquel assistent plusieurs autres disciples du maître. Au moment où la joueuse de flûte commence, Lysis, un de leurs compagnons, entre brusquement, et reproche à Clinias ces préparatifs de fête, s’étonnant qu’il laisse retentir chez lui des chants, le jour où Socrate est jugé. Clinias répond que les Dieux nous ordonnent avant tout, quand un hôte visite notre foyer, que nous lui cachions tout ce qui pourrait attrister notre accueil ; il cite l’exemple d’Admète recevant Hercule. Il invite Lysis à prendre place parmi eux. Lysis refuse, et, désireux de ne pas nuire aux devoirs de l’hospitalité, il veut s’éloigner en silence. Mais son trouble est si apparent que ses amis le pressent de questions. Il leur apprend que Socrate vient d’être condamné à boire la ciguë. L’émotion suspend le festin, et Clinias, ayant avoué à son hôte l’inquiétude commune, prie Lysis de leur retracer la séance à laquelle il vient d’assister.

LYSIS


Lorsque l’accusateur eut fini sa lecture,
Dont la sottise allait du mensonge à l’injure.
Socrate qui l’avait écouté sans bouger,
Comme à quelque débat qui lui fût étranger,
Se leva lentement. Il commença par dire
Qu’il n’avait point appris l’art subtil de conduire
Par un verbe savant un discours concerté,
Mais parlait simplement la simple vérité,
Telle qu’il la parlait sur la place publique,
De la même façon familière et modique