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tous. C’est là une partie importante de sa tâche, car, sans livres et sans périodiques, la découverte de Braille fût restée inefficace. Mais ce n’en est qu’une partie. L’Association Valentin Haüy recherche partout les aveugles. Elle est la providence de l’aveugle. Étrangère aux questions de politique, de religion, à tout ce qui divise, elle groupe autour d’elle tous ceux qui s’intéressent aux enténébrés. Aussi ses membres sont-ils aujourd’hui au nombre de 16 000, et son budget annuel dépasse 200 000 francs qui sont dépensés au profit de près de 7 000 patronnés. Mais on y dépense plus encore de dévouement, car c’est une merveilleuse école de solidarité. Les services les plus importans y sont assurés par des personnes de bonne volonté qui donnent sans compter leur temps et leur peine. Il n’est pas de question relative aux aveugles dont elle ne s’occupe activement. Elle travaille à prévenir la cécité aussi bien qu’à en atténuer les effets, à secourir et à faire hospitaliser les vieillards incapables aussi bien qu’à faire instruire les enfans. Elle constitue non une œuvre, mais un faisceau d’œuvres dont chacune, selon l’expression de Georges Picot, suffirait à mériter la reconnaissance publique. Mais l’objet final de toutes ces œuvres est d’arracher l’aveugle à la mendicité pour en faire un travailleur, d’achever pour les êtres privés de la vue la grande révolution morale qui a été commencée par Valentin Haüy et par Louis Braille. Elle ne considère sa tâche comme terminée vis-à-vis d’un de ses patronnés que le jour où, en l’assistant par le travail, elle lui a fourni le moyen de se passer d’elle.

Elle doit, en conséquence, seconder dans la France entière tous les aveugles laborieux, musiciens, accordeurs et ouvriers de divers métiers. De plus, comme tous les emplois actuellement exercés par les aveugles sont fort encombrés, elle doit chercher sans cesse des débouchés nouveaux à leur activité. Enfin, ce n’est pas assez de venir en aide aux travailleurs, il est tout aussi important, sinon plus encore, de leur assurer la bienveillance du public qui seul peut les employer. L’Association Valentin Haüy favorise le travail des aveugles par les moyens les plus variés : elle avertit les parent de la nécessité de faire instruire les enfans, donne des bourses d’études à des indigens, publie dans ses journaux en points saillans un grand nombre d’informations précieuses aux travailleurs, distribue chaque année des subsides à des adultes désireux d’apprendre un métier ; elle dépense