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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/129

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La réponse de Rome survint le 24 avril. Antonelli signifiait que ni la Cour royale pour les affaires ecclésiastiques, ni les examens d’Etat pour les clercs n’étaient admissibles. Il prévoyait que certains articles des lois pourraient être l’objet d’une tolérance purement passive si une politique de résistance active risquait de provoquer certains dommages graves ; mais du moins les évêques devraient-ils alors, par des protestations ou tout autre moyen, aviser à se décharger du reproche d’inertie, qui ferait scandale. Sans entrer plus avant dans le détail, Antonelli les invitait à fixer tous ensemble une ligne de conduite uniforme, et à la suivre ensuite fidèlement dans leurs divers diocèses.

Les évêques se sentaient fortifiés par cette confiance du Vatican. Quelle qu’eût été leur attitude au Concile, il était manifeste que la générosité de Pie IX n’éprouvait à leur égard aucune suspicion. Leurs discussions annuelles de Fulda, strictement périodiques, pleinement libres, se déroulant d’après un ordre du jour que souverainement ils fixaient, témoignaient de leur droit d’initiative complètement respecté par le pouvoir romain. Bismarck et les vieux-catholiques accusaient Pie IX de les traiter comme de simples préfets et de régner sur eux par la peur. Mais les instructions d’Antonelli prouvaient précisément le contraire. Ces prétendus préfets se voyaient entre eux, se concertaient, délibéraient comme bon leur semblait, parlant librement, sans se défier d’eux-mêmes ni les uns des autres ; ils affichaient l’apostolique souci de donner tous ensemble, à l’Église d’Allemagne, un organe représentatif et directeur, de dire en son nom ce qui devait être dit, et de le dire en termes plus exacts et plus autorisés que ne le faisaient les journalistes religieux. Ils opposaient à l’intempérance de certains défenseurs de Dieu, Allemands ou Italiens, laïques sans compétence ou prêtres sans mandat, la calme et prudente sérénité de la parole de Dieu ; et l’union de ces prélats, telle que dans sa lettre Antonelli la rêvait, n’avait rien de commun avec cette uniformité d’obéissance, passive d’abord, et puis craintive et finalement inactive, que récoltent pour leur propre malheur les gouvernemens absolutistes, et qui convenait peut-être aux préfets de Bismarck, mais nullement aux évêques de Pie IX.

Ce fut sous l’impression de cette réponse cardinalice que les évêques de Prusse, du 29 avril au 2 mai, se réunirent à Fulda devant le tombeau de saint Boniface : tous sauf un se trouvèrent